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Citation de mamansand72


Pardon, Adeline, je ne suis pas fier de moi, mais ça doit être un mécanisme de défense. Il y a des choses que je ne supporte pas, alors je me défile, je blague, je botte en touche, comme on dit au rugby. La mort d’un enfant est une de ces choses. Je vous ai dit que je préférais les enterrements aux mariages, et que je vous expliquerais pourquoi. À présent que je sais ce qui vous est arrivé, je me dispenserai de cet exercice. L’enterrement d’un bébé de dix-sept jours. Je vous admire d’avoir survécu. Oui, sincèrement, je me fais minuscule et je m’incline. Vous parlez de reconstruction, d’études par correspondance, de diplômes obtenus, de travail. Où avez-vous puisé cette incroyable force ? J’aurais sombré je crois, plus encore que vous l’avez fait, et je ne serais jamais remonté de cet abysse. Ou bien alors peut-être en essayant de transposer cette souffrance dans mon écriture. L’art peut transcender, sublimer, nos malheurs devenant notre matière première. Enfance heureuse : malédiction pour un écrivain, dit-on ! Mais vous ? Où l’avez-vous fourré, votre désespoir ? Comment l’avez-vous maté ? Par la chimie, bien entendu, et par l’analyse peut-être, mais surtout j’en suis sûr, grâce à cet espoir que vous gardez de donner un petit frère ou une petite sœur à votre Philémon. J’ai trouvé cela bouleversant, je dois vous le dire. Et si un jour (dans le cas où notre correspondance durerait) vous m’appreniez cette nouvelle, je crois que j’en concevrais pour vous un bonheur incommensurable.
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