Il s'agit d'un ensemble documentaire relatif à l'abbé-comte de Bucquoy, établi à la fin du XVIIIème siècle par un éditeur, à la suite de la publication par Nerval des Faux Saulniers, dans lesquels il décrit la vie de l'abbé de Bucquoy, qu'il découvre dans un ouvrage rare en Allemagne. Nerval a ensuite réécrit cette histoire dans Angélique, en l'accompagnant d'autres développements. Cette recherche de Nerval s'inscrit probablement dans son habitude de décrire la vie de personnages insolites, comme il a pu le faire dans Les Illuminés.
Pour revenir sur l'ouvrage commenté, il s'agit donc tout d'abord d'une préface, dont l'auteur m'est resté inconnu, et qui résume la vie de l'abbé de Bucquoy, en précisant les erreurs ou inexactitudes commises par Nerval. Ensuite, il y a l'extrait de la correspondance de Madame du Noyer, une femme de lettres du XVIIIème siècle avec l'une de ses amies dans laquelle la première décrit une partie de la vie de l'abbé de Bucquoy et la seconde la relance pour obtenir la suite, sur un ton de flatterie assez drôle.
Pour résumer l'abbé de Bucquoy est un prélat libéral du siècle de Louis XIV, très bavard, qui se fait emprisonner une première fois surtout à cause d'inimitiés et de manigances dans la hiérarchie de l'Eglise. Dès le début, il fait preuve d'un courage physique et d'un sens pratique important, puisqu'il s'évade. Ensuite, il est repris, n'ayant pas profité de l'occasion pour quitter la France, mais cette fois est mis dans la Bastille. de nouveau, il fait tout pour s'échapper, et finit par y parvenir, ce qui est fort rare. Les stratagèmes dont il use sont très ingénieux. L'abbé de Bucquoy fuit alors à l'étranger, mais continue de plaider sa cause auprès du Roi au travers de sa tante, dont une lettre adressée au Roi a été annexée par Madame du Noyer. A partir de ce moment, de Bucquoy devient plus critique de Louis XIV, mais semble se cantonner à une vie érémitique et mystique à l'étranger.
A la fin de l'ouvrage, il y a un "appendice biographique et bibliographique" dans lequel diverses œuvres de l'abbé de Bucquoy sont mentionnées, parfois brièvement citées ou commentées. Une lettre de la main de de Bucquoy, où il critique une servante clôt l'ouvrage. Les plus assidus y remarqueront que les allégations de la préface sur le caractère bavard du protagoniste ne sont pas des vains mots (son style est de plus assez "touffu").
Cet ouvrage peut intéresser ceux qui ont lu Angélique ou les Faux Saulniers et veulent des précisions sur la vie de l'abbé, mais aussi ceux qui veulent connaître l'histoire de la Bastille et des lettres de cachet. D'ailleurs je pense que la vie de Bucquoy et ces lettres ont pu servir d'inspiration à certains pour décrire la vie carcérale de l'époque, je pense notamment à Pétrus Borel et son Madame Putiphar.
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