Citations de Anne Tremblay (74)
Vivre dans un monde où des géantes chantaient et dansaient dans la mer, où un ami imaginaire faisait partie de la famille, où une femme pouvait sculpter et peindre sa vision de l’univers, où on était loin de tout, mais proche de l’essentiel, vivre dans un monde où même les oiseaux prennent le risque de plonger, pourquoi pas ? Pourquoi pas eux ?
Je suis une femme, François-Xavier, des petits mots d’amour changent notre journée.
Une seconde est une seconde, une minute, une minute… Le temps n’a jamais changé sa cadence, c’est nous autres qui le percevons autrement…
La vie de soldat, cantonné à Londres, c’était comme être sur le bord de ce précipice. Tu attends, tu sais que tu risques de rencontrer la mort ou de revenir mutilé. Tu attends et tu essaies de tout faire pour surmonter cette angoisse, cette panique qui monte en toi. Quand tu y parviens un peu, les sirènes te rappellent à quel point tu survis sur un mince fil… Tu ne sais jamais quand une bombe te tombera dessus. Tu surveilles le ciel ; tu écoutes chaque petit bruit. La nuit, les nuits, c’est pire. L’obscurité ne te protège pas, au contraire, elle te trahit.
Un homme est maître du monde quand une femme, sa femme, prend la peine de le conquérir.
Si vous ne connaissez pas vos répliques sur le bout des doigts, vous ne pourrez jamais y ajouter de l’émotion. On ne marmonne pas, on déclame.
Vous voyez cette fleur, mademoiselle ? dit madame Bourget en désignant une marguerite dans un vase. Son cœur, c’est le talent. Chaque pétale, c’est le travail ; le travail de diction, d’interprétation, de déclamation, de vocalise, de répétition, le travail, le travail, le travail. Sans ces pétales, une fleur n’est rien, talent ou pas.
À chaque fin d’été, c’étaient les mêmes corvées. Laver, peler, couper, canner, ranger dans la réserve les pots bien étiquetés afin de se garantir un hiver où on ne mourrait pas de faim.
La boisson, c’est trinquer avec le Diable…
Elle jouait à un jeu défendu et dangereux, elle le savait et cela rendait le tout encore plus excitant. Elle avait promis à son père de se choisir un mari. Elle prétextait la guerre pour retarder ce choix. Le problème, c’est qu’elle n’avait pas envie de se lier à un seul homme. Elle adorait se faire admirer, courtiser. Elle aurait voulu butiner mais sans s’attacher à aucun.
On va le faire ensemble. T’es rendu assez vieux pour comprendre qu’il y a des choses qu’un homme affronte pas seul...
À ce qu’il sache, les femmes étaient bannies de la trappe. Au monastère, il ne serait plus tourmenté par la tentation des joies de la chair. Loin des yeux, loin du cœur. Et voilà, quand on cherche, on trouve !
Il n’y avait pas de justice. Ce mot n’avait aucun sens. Il se sentait vieux, inutile, sans descendance. Les luttes politiques ne l’enflammaient plus. Entre Duplessis et les libéraux, c’était du pareil au même. Alors, prendre le fusil avait été sa planche de salut.
Il était fils d’un père anglophone et d’une mère francophone. Il avait toujours été écartelé entre les deux. Surtout que ses parents se querellaient sans cesse. Son père le rabrouait en anglais tandis que sa mère le consolait en français. Il était devenu avocat autant par obligation de suivre les traces paternelles que par passion. Il voulait sauver le monde. Aider les plus faibles, les Canadiens français entre autres.