AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Je pose la plume, et je revois ce pays qui fut le sien et que je
viens de parcourir: la Meuse pure et noire, Mézières, la vieille
forteresse coincée entre de dures collines, Charleville dans sa
vallée pleine de fournaises et de tonnerre. (C'est là qu'il repose
sous un blanc tombeau de petite fille.) Puis cette région
d'Ardenne, moissons maigres, un petit groupe de toits d'ardoise et
toujours à l'horizon la ligne légendaire des forêts. Pays de
sources où l'eau limpide et captive de sa profondeur tourne
lentement sur elle-même; l'Aisne glauque encombrée de nénuphars et
trois longs roseaux jaunes qui émergent du jade. Et puis cette
gare de Voncq, ce funèbre canal à perte de vue bordé d'un double
rang de peupliers: c'est là qu'un sombre soir, à son retour de
Marseille, l'amputé attendit la voiture qui devait le ramener chez
sa mère. Puis à Roche la grande maison de pierres corrodées avec
sa haute toiture paysanne et la date: 1791 au-dessus de la porte,
la chambre à grains où il écrivit son dernier livre, la cheminée
ornée d'un grand crucifix où il brûla ses manuscrits, le lit où il
a souffert. Et je manie des papiers jaunis, des dessins, des
photographies, celle-ci entre autres si tragique où l'on voit
Rimbaud tout noir comme un nègre, la tête nue, les pieds nus, dans
le costume de ces forçats qu'il admirait jadis, sur le bord d'un
fleuve d'Ethiopie (11) , des portraits à la mine de plomb et cette
lettre enfin d'Isabelle Rimbaud qui raconte les derniers jours de
son frère en l'Hôpital de la Conception à Marseille (12) .
Commenter  J’apprécie          00









{* *}