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Citation de Bradomin


(Joseph ! Pourquoi l’avait-il emmenée faire une promenade dans la réserve ? Il se sentait le cœur pris d’une indolence heureuse, disait-il, tellement nouvelle. Peut-être l’arrivée de l’été. Quelque chose dans le poudroiement de la lumière qui transmuait la végétation, lui dictait son point d’équilibre. Elle marchait sur la route en faisant claquer ses chaussures plates, indifférente au son commun qui couvrait à intervalles réguliers le bruissement des roseaux, de la folle avoine et des roses sauvages. Peut-être son regard était-il aimanté par la silhouette de l’ancienne cité portuaire, comme un point de repère pour le maintien de sa démarche hautaine. Il l’avait attrapée par le poignet, tenait sa main prisonnière puis l’ouvrait, la déplissait en la caressant avec la sienne. Avec l’ongle de son index, il parcourait les lignes qui la sillonnaient.
- Il vaudrait mieux s’arrêter au pied des murailles.
- Pourquoi ?
- Une superstition. Je ne veux pas prendre le risque.
Le vol d’un héron stria le bleu. Il cligna des yeux du côté de Brouage qui lui apparaissait tout à coup comme le mirage d’une ville après une longue traversée de désert. Il cilla sur la violente explosion des couleurs autour d’eux, eut la brutale impression que les rouges hurlaient. Il se rendit compte tout à coup : “Mon Dieu, il n’y a pas un seul arbre ici !” Elle soupira, s’épongea à son tour le front d’un air accablé : “Les rêveurs, moi, à la longue, qu’est-ce que ça me barbe !”)
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