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Citation de Faura


La moustiquaire claqua derrière elles quand elles sortirent sur la terrasse, exhalant le dernier soupir las de la journée pour inspirer la première bouffée relaxante d’air nocturne. De part et d’autre d’Académy Street, les dîners touchaient à leur fin – cliquetis de cuillères dans les tasses à café, concert de grincements de chaises qu’on recule de la table. Les maisons qui bordaient la rue commençaient à se ressembler dans l’obscurité qui s’épaississait, leurs massives formes allongées découpées par des rectangles dorés à l’emplacement des fenêtres et des portes. Et à cette heure-là, elles se mirent toutes à déverser, sur les terrasses protégées par des moustiquaires, leurs habitants qui s’installèrent dans des divans en rotin ou d’antiques fauteuils à bascule. Des voix, hautes et basses, tournoyaient comme des chauves-souris au-dessus des vastes pelouses.

L’immuable rituel, songea Jottie, s’enfonçant dans son propre fauteuil usé. Elle regarda ses nièces exécuter leur cérémonial nocturne de choix des sièges. Elles s’imaginaient encore qu’il y en avait de plus confortables que d’autres. Elles croyaient qu’il était important de bien sélectionner, de discerner leurs particularités. Comme des corbeaux, elles amassaient des miettes, çà et là, chaque soir, et les rapportaient avec elles, pensant accumuler un trésor. Elles se souvenaient de plaisanteries, de jeux d’histoires particulières, ignorant qu’il ne s’agissait que d’une seule et même chose, que les moindres différences, les plus petites aspérités, seraient gommées par les années. Bah, peu importe, se persuada Jottie. Elles comprendront. Un jour, elles comprendront que cette uniformité-là est ce qui comptait le plus.
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