Dix-sept ans, un soir d’été à l’abri des regards entre la grange et la
rivière, je m’étais écroulé à genoux en pleurant sur la pelouse. Je n’en
pouvais plus. Je ne tenais presque plus debout. Je ne savais plus quoi
faire et j’avais prié en regardant le ciel bleu :
« Mon Dieu, je ne sais pas ce que j’ai. Mais je sais que je ne vais
pas bien. Je sens comme si une tarentule était en train de me manger
le cerveau, je t’en prie aide moi ».
C’est dans la même semaine que je m’étais présenté chez mon
docteur. Je lui avais expliqué mes dernières années, les responsabilités
et ma relation malsaine. Elle avait une expression grave et
elle ne riait pas du tout, moi non plus d’ailleurs. J’étais terriblement
gêné et en détresse. Et surtout, je craignais la suite
Toutefois, j’avais constaté avec tristesse que j’avais pu me
guérir de l’anorexie, de la dépression et de la violence. Mais que
je ne m’étais jamais guéri d’un manque d’amour profond laissé par
mes expériences. Je sais qu’en grande partie le blâme me revient. Je
suis consciente maintenant de la grande sensibilité, de la douceur et
de l’amour que je porte en moi. Je sais qu’en étant intense et spirituelle,
mon être a besoin d’une forme d’amour que je ne retrouve
pas autour de moi. Cette forme d’amour que j’avais nommé dans ces
pages étant sous la forme la plus pure qui puisse exister.
Chapitre cinq
À genoux dans la nuit
Le coeur rempli de mépris
Nu au seuil de la résilience
Avide de bienveillance
Annie