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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
L’air froid tombait sur ses épaules, elle leva les yeux et se dit que les étoiles au ciel n’avaient pas un doux frou-frou en ce bon soir de septembre… Pas vraiment bon, balbutia-t-elle, en souriant à travers ses larmes.
Raillerie, autodérision, toute sa famille moqueuse vibrait en elle, même pendant sa nuit de noces. Chez eux, on avait coutume de plaisanter lors des événements importants ; on riait la veille des enterrements, on présentait ses condoléances aux mariés. Ses larmes continuaient à couler sur ses joues, le revers rugueux de la veste les essuyait. Quand, sous son crâne, au-dessus d’un brouillamini de compliments tout fabriqués qu’on lui avait adressés pendant les mois précédant son mariage, se détachèrent soudain les paroles bienveillantes d’un ami âgé et responsable :
- Mon petit, mon petit, on mange son pain noir d’abord, son pain blanc après. L’amour est fait pour les grandes personnes, pas pour les jeunes filles, tu le découvriras plus tard. Tu peux te marier mais pas avec un raseur.
Rassérénée par cet écho sensé, elle se dirigea vers la cabane à outils toujours guidée par la lampe de poche. Se rappelant la grande mallette en fer où était la boîte à clous, elle l’ouvrit en tirant sur le crochet, posa la lampe et n’eut aucun mal à retirer sa bague. Elle braqua la lumière sur les deux prénoms et la date de la veille, les regarda une dernière fois, puis éteignit.
Alors, sans hésiter, Lily jeta son alliance parmi les clous rouillés.
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Ce soir-là, sa mauvaise foi et sa violence m’avaient tant bouleversée que j’avais couru me réfugier près de la tombe de Gatsby. J’avais fait glisser entre mes doigts la terre fraîche, la plus fine, parlé au chat comme on parle à celui ou celle qu’on vient de perdre et qui est encore tout proche : « Je m’en vais, mon petit chou à nous, je m’en vais mon petit chéri. » La froideur de la nuit, le bruit régulier du ressac et des claques mouillées du lac sur les barques avaient réussi à engourdir mon chagrin. Frigorifiée mais déterminée, j’avais fini par me relever, puis en poussant violemment du pied toutes les badines utiles à amuser Gatsby j’étais rentrée dans la maison. Au petit matin, j’avais quitté Julien et ne l’avais jamais revu. De temps en temps, j’avais lu son nom au bas de quelques photos dans les journaux.
Maintenant, il était assis en face de moi, sans colère, sans désir. Et, c’était pire. Mon regard se posa sur le guéridon éclairé, il était recouvert d’une épaisse couche de poussière. Je me mis à gratter avec l’ongle un petit tas de grains noirâtres solidifiés. Mon cœur battait lentement, je ne voulais surtout plus entendre une seule parole sans chaleur, sans émoi de Julien, alors je trouvai le courage de me lever et de m’approcher de lui avec l’envie de le secouer comme on secoue un tiroir qui résiste à l’ouverture.
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Ils étaient rivés l’un à l’autre en dépit de tout ce qui les séparait. Indépendants et pourtant indissociables, sympathiques et dynamiques aux yeux de leurs enfants et de leurs amis. Elle tremblait à l’idée de finir sa vie avec ce compagnon si peu chaleureux, souvent à côté d’elle mais jamais sur la même rive.
 
 Quand le soleil disparut, Antoine devint triste. Il détestait voir la nuit tomber à dix-huit heures, il y voyait une sorte de mort de la lumière qui le ramenait chaque fois à l’idée de sa propre mort. Il répéta qu’il tenait à être incinéré et à ce que ses cendres soient répandues dans un jardin du souvenir sans rien.
 - Pas de plaque, pas de nom. Et surtout pas d’église ! Je serais capable de ressusciter, insista-t-il.
 Marianne promit qu’il n’y aurait pas d’église. En faisant semblant de croire à sa possible résurrection, elle s’imagina qu’elle le reconnaîtrait à des kilomètres et qu’elle courrait aussitôt dans le sens contraire au sien.
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Malgré tout, je n’arrive pas à croire que mon père passe la nuit dehors et que ma mère le protège. Elle le fait pour moi, pour nous, même si Paul est parti depuis trois ans. Elle le fait pour papa, pour que personne ne sache. C’est dommage que je ne puisse demander au bon Dieu de les garder tous les deux près de moi pour toujours. Maintenant, ils sont séparés dans ma tête, et pourtant complices de quelque chose d’humiliant pour maman.
 
« Ma tête sous le billot, je ne dirai rien », c’est ce que dit ma grand-mère lorsqu’elle veut garder un secret. Je ferai comme elle, puisque je connais leur secret. Rien ne sera donc plus comme avant, et pourtant je ferai comme avant, comme si je n’avais rien vu.
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Il serre mon bras. Je n’ose pas le regarder. Nous retrouvons ce silence lourd de l’instant d’émotion partagée dans son bureau quand il craignait que je ne lui remette pas ma correction.
- Je t’ai apporté un cadeau, dit-il, après avoir bu son café.
Il sort de sa sacoche un crayon papier sur lequel est inscrit le nom de l’université, puis sa carte personnelle.
Ettore Vidal, rien d’autre, aucun titre, aucune adresse. Il écrit à l’aide de ses lettres si petites et joliment formées : « La vie est belle mais courte, tu entends ? » La gorge serrée, je suis tous ses gestes et murmure :
- Je t’embrasse Ettore, avec mon cœur.
- Moi, non plus, répond-il à la manière de Gainsbourg.
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Quand j’éteins ma lampe, je rêve que j’aurai un amoureux. Un seul avec lequel je me marierai, lui et moi pourrions être instituteurs. Je nous vois dans une cour en automne, toujours en automne. Mais, cette image me gêne, je me redresse, dis à haute voix « Non, ça ne me va pas ! Ça ne me suffira pas ». J’ai besoin d’autre chose, or je suis incapable de mettre un nom sur ce besoin. Quand je demande à maman : « Qu’est-ce que c’est le sens de la vie ? - Se marier et avoir des enfants », répond-elle. Je regrette qu’elle n’ait pu dire : « On fait plein de blablabla sur l’amour entre un homme et une femme, et rien, aucun mot sur l’amour d’un métier. »
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