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Citation de MariondeMontmorency


J’ai toujours été très sensible à l’écriture d’Annie Ernaux. Souvent décriée pour son style neutre et son écriture plate, je la trouve au contraire d’une extrême justesse.

Mémoire de fille revient sur les événements traumatiques de l’année 1958. Annie Ernaux n’avait encore jamais évoqué cette période tant elle souhaitait se dissocier de cette jeune fille, oublier cet épisode cruel.

Le récit commence alors que l’autrice est tout juste âgée de 18 ans. Celle qui n’a jusque-là connu que la petite vie tranquille du café-commerce d’Yvetot, quitte ses parents pour la première fois afin de devenir monitrice de colonie. Cet été-là est alors synonyme de liberté nouvelle ; et la jeune Annie, avide d’une histoire d’amour, se laisse emporter par l’ambiance débauchée des moniteurs. Sans réfléchir, elle se soumet alors au désir d’un homme, sans saisir la brutalité de cette première nuit, sans réaliser qu’elle aurait pu avoir le choix et résister.
« Ce n’est pas à lui qu’elle se soumet, c’est à une loi indiscutable, universelle, celle d’une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c’est ainsi ».

Mais alors que la jeune fille est rejetée dès le lendemain par cet homme qu’elle pense aimer, elle refuse la situation sans comprendre qu’elle devient la risée du groupe. Prise pour une fille facile et sans amour propre, elle subit les moqueries incessantes de ses collègues. Cependant la joie d’appartenir enfin à un groupe se fait plus forte que l’humiliation.

Ce n’est que des mois plus tard que la honte arrive enfin, et qu’Annie réalise qu’elle a perdu toute dignité. Pendant deux ans, il lui faudra lutter pour se reconquérir, pour se laver de cette honte, pour se réapproprier son corps.

C’est un récit dur que nous livre l’autrice, la pièce manquante au reste de ses romans autobiographiques. Il m’a tant marqué que je pourrais encore en parler pendant des heures, mais je vous laisse découvrir la suite par vous-même sans vous révéler tout de cette histoire puissante.
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