C'est l'essence du théâtre sacré, les psalmodies, les répons, la foule invente et se souvient, improvise, copie. Les yeux cherchent avidement les personnages. La mère ?
"Qu'est-ce qu'elle fait la mère ? Elle est où ?
- Elle s'évanouit, on dirait ...
- Ah non... Elle se penche...
- On la soutient ? Clelia, raconte-moi, je vois rien, elle crie ? Est-ce qu'elle se lamente ?
- Une Pietà, je te jure...
- Efroia, ici je t'ai dit ! reste avec maman, donne la main. Clelia, tu la vois, toi, comment est son visage au moins ?
- Une Pietà penchée sur son fils dans les ténèbres...
- Elle pleure, alors ?
- Mais c'est trop loin, moi, qu'est-ce que tu veux que je te dise !
- Bon, pousse-toi, Clelia, que je la voie, tu me caches tout. Ah ! malédiction, ce que c'est d'être une mère. Efroia, arrête de gigoter, tu vois un peu ce que c'est d'être une mère, disgraziata ? Jésus Marie ! Mon coeur va lâcher de ces émotions, ça m'élève l'âme. Prions la Madone ! A genoux ! Efroia, mets-toi à genoux à côté de moi, joins les mains et prie ! Prepotenta ! Et tiens-toi tranquille ou je te jette dans le trou"