Annie Montaut

Pour qui souhaite découvrir une nouvelle langue étrangère, se tourner vers le catalogue des éditions Assimil est souvent un premier réflexe, surtout si la langue est réputée "rare et/ou "exotique" et qu'il n'y a pas, proche de chez soi, un centre ou un institut qui l'enseigne.



La méthode "Sans peine" de chez Assimil se veut de plus une méthode ou l'étudiant apprend à son rythme, en passant autant de temps qu'il le souhaite sur une leçon. C'est une méthode de travail qui demande de s'impliquer fortement, si l'on veut vraiment progresser, en y passant du temps, de façon régulière, à la manière d'un sportif.



Mais la version le hindi sans peine porte bien mal son nom. Dès le début, les textes des leçons sont longs (10 phrases dès la leçon 2 !) alors qu'en plus d'une nouvelle langue il faut, dans le même temps, apprendre à maîtriser un nouvel alphabet.

Le nouveau vocabulaire est très nombreux à chaque nouvelle leçon (plus de 20 mots nouveaux par leçon au bout d'une demi-douzaine de leçons à peine), même s'il est vrai, que, quand on débute une nouvelle langue, comme on démarre de zéro, forcément les nouveaux mots sont nombreux. Mais d'une leçon à l'autre, il faut avoir le temps de reconnaître et de retenir le vocabulaire récemment découvert.



Les textes sont parfois carrément loufoques, décrivant des situations que l'élève aura sans doute peu de chance de vivre ensuite réellement (les illusions et disparitions d'un magicien, des enfants sautant sur les meubles et se penchant dangereusement aux fenêtres, ...) et les points de grammaire importants abordés de façon rapprochée (ainsi, à peine a t-on fini d'assimiler la construction du présent général vs présent actualisé - l'équivalent en hindi de la forme progressive en anglais - qu'à la leçon suivante on nous assène déjà la formation du futur (leçon 10).



Bref, le hindi sans peine ressemble plus à une marche au pas de charge, façon Légion étrangère, avec 25kg de barda sur le dos, dans le désert de Thar (pour rester dans l'ambiance indienne) qu'à une promenade dans les jardins enchantés d'un maharajah. Poursuivre l'apprentissage du hindi dans de telles conditions demande une implication et une motivation aussi solides qu'un gopuram !



C'est à se demander si les auteurs ne cherchent pas à dégoûter leurs étudiants et à les détourner de l'apprentissage du hindi...



Alors, pour ceux qui souhaiteraient se tourner plutôt vers le tamoul (à l'écriture également très belle ) nous profitons de cette critique pour souhaiter au passage que les éditions Assimil rééditent la version le tamoul sans peine (aux textes beaucoup moins longs et nettement plus réalistes) épuisée depuis bien trop longtemps maintenant.