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Citation de Minomana


Mon père était sur pied tous les jours à trois heures du matin. Après avoir acheté sa marchandise chez les demi-grossistes, il rentrait à la maison vers les six heures pour se faire cuire des oeufs au plat et des saucisses aux herbes qu'il trempait dans de la moutarde éventée dont le pot vide en pyrex deviendrait bientôt mon verre à dents. Le grand défaut des saucisses à cette heure, c'est leur odeur grasse qui rampe, remonte, tenace, par les escaliers. L'esprit huileux des chipolatas ou des merguez grimpait le long des marches baptisant les rampes, les murs et les plafonds. Ma mère, dans sa chambre, en avait des nausées.Pendant qu'il mangeait, papa regardait le transistor comme on regarde une télé. Il fixait les grandes ondes, plongeait ses yeux déjà fatigués dans le Philips puis, après une brève mais néanmoins studieuse lecture des pages sports et turf de Ouest France sur le trône dont la chasse marquait le chant de son départ, repartait aux halles sans un mot. Maman se rendormait. J'écoutais, le nez encore plein d'exhalaisons toxiques, les éboueurs vider nos poubelles. Toute ma vie, il y eut un décalage horaire entre papa et moi. Mon père était "primeurs".
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