Les hérauts d'armes, à l'entrée des chevaliers dans les tournois ou dans les pas d'armes, examinaient Vécu du bouclier de chaque combattant; ils lisaient les armes qui étaient peintes ou gravées sur ces boucliers, et, lorsqu'ils avaient reconnu que les gens d'armes étaient de bonne lignée, on sonnait du cor, et ceux-ci pénétraient dans l'arène du combat. De là le mot blasonner, selon la plupart des anciens écrivains qui ont traité du blason.
Mais que ce manuscrit soit de Memling, de Bellejambe ou des Van Eyck, qu'il appartienne à l'école flamande, de Bourgogne, du Midi de la France ou de l'Italie, il n'en reste pas moins acquis que le Livre d'heures de la dame de Saluces peut être considéré comme l'un des plus importants chefs-d'œuvre
du XVe siècle.
Ce manuscrit, qui doit avoir été exécuté pour l'abbaye de Saint-Lô de Rouen, est d'une richesse d'ornementation extraordinaire... Les miniatures sont d'autant plus fines, plus correctes de dessin, que l'on avance dans l'ouvrage. On dirait que l'enlumineur s'est fait la main de mieux en mieux; le coloris et l'harmonie des nuances sont partout d'une admirable perfection; on peut en dire autant de l'écriture, dont la régularité, l'élégance n'ont peut-être pas été surpassées; il serait bien à regretter qu'un monument si remarquable de l'ancien art français ne demeurât pas en France, et je crois pouvoir assurer qu'à peine enlevé par ces grands accapareurs de l'art du moyen âge, les Anglais, il n'est pas un cabinet d'amateurs français qui ne se repente de n'avoir pas pris les devants, et de ne l'avoir pas conservé à la France.
Nous n'entendons pas prouver que toutes les armoiries présentent ce caractère de curiosité historique. Il s'en faut du tout au tout, et il est permis d'affirmer qu'on ne peut guère attacher d'importance à la symbolique du blason que pour les armoiries portées par les familles antérieurement au règne de Louis XIV.
Le blason est en quelque sorte une langue dont tous les termes, c'est-à-dire toutes les pièces, ont une signification déterminée.