Le plus inattendu dans le désert, ce n'est pas la forme des rochers, ce n'est pas l'immensité des dunes, c'est la présence illogique des humains.
"Dieu créa le désert, puis furieux, lui jeta des pierres." Proverbe arabe
Lorsqu'un ancêtre meurt, c'est une bibliothèque qui prend feu !
Lorsqu'un homme décide de partir après avoir réfléchi, il se lève doucement, en songeant à ses projets, tandis que celui qui agit sous l'emprise de la passion part brusquement et laisse une profonde empreinte dans le sol.
Dans l'imaginaire, le désert est le berceau et la base de toute expérience, c'est un lieu sans route assurée, si ce n'est le chemin que l'on trace soi-même.
Le vent est le grand maître du désert. Le jour, il rend la chaleur supportable et le froid plus perçant. La nuit, il rappelle sa présence en secouant furieusement la tente. Taquin, il disperse les cartes géographiques ou saupoudre de sable le repas. Méchant, il oblige à plier bagage et à marcher à l'aveuglette, le visage enveloppé dans son chèche. Il est le mouvement, la musique, la vie du désert.
Le Sahara ne s'habite pas. Il se vit. Il ne se regarde pas, il se voit. Chaque jour, tout est remis en cause. Les peintres l'ont bien compris, car ils n'arrivent jamais au bout de leur toile. Le vent chasse les nuages, pousse les dunes, change la couleur du temps. Tout n'est qu'exode sur le rebord poudreux de la vie. Il est impossible de remettre de l'ordre dans cet univers vertigineux.
On dit, d'ailleurs, que les légendes sont de grands sacs de mensonges à l'intérieur desquels se cache une perle de vérité.
Entre ton rêve et toi, il n'y a que toi !
Au fil des jours, le désert vous dénude de vous-même pour vous remplir de lui-même. La plupart des gens qui voyagent dans le Sahara ne font souvent que le traverser et se retrouvent souvent déboussolés face à leurs habitudes quotidiennes. Isolé de tout, sans repères, vous êtes seul face aux silences de vos pas. Dans cette nudité, les masques tombent et les gens réalisent que leurs compagnons de voyage sont motivés par la même chose. Ici, il n'y a rien à prouver. Vous êtes devenu votre propre référence. Vous êtes vous-même. L'éternité, qui s'écoule goutte à goutte, n'a aucune prise sur le temps.