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Citation de pierre86000


[Extrait de son pamphlet contre François Mauriac]

Les nobles vieillards du faubourg Saint-Germain n'ont pas oublié sous quels auspices vous avez fait votre apparition dans le monde. Sous les auspices du marquis d'Argenson, qui se partageait les virginités littéraires avec le comte Robert de Montesquiou. Jetons un voile, mon cher maître, sur ces débuts prometteurs. Ils suivaient la publication de vos poèmes, Les mains jointes Ils prouvaient que, tout en joignant les mains, vous entrouvriez déjà autre chose. Vous avez collaboré ensuite à une grande revue littéraire de petit format. Ce furent alors des voyages en Italie, avec le directeur de cette revue, fameux par son fond de teint et sa perruque. Il conserve, au-dessus de son lit, un portrait de vos belles années où votre poitrine, dans le décolleté de la chemise, est nue jusqu'au nombril... Mais, mon cher maître, puisque j'examine cette auguste assemblée, ne dois-je pas y déplorer un vide ? Le vide laissé par Jean Cocteau. Ce poète, ce prince fut le contraire d'un hypocrite, et c'est pour cela que vous le haïssiez même si vous ne l'avez point haï dans votre jeunesse. Où sont-elles, ces lettres d'amour que vous lui aviez écrites et que vendit Maurice Sachs après les lui avoir volées. [...] L'homme à qui vous aviez écrit ces lettres, vous avez eu l'ignominie de le renier, de le vilipender à toute occasion, comme pour abolir et absoudre votre passé — et si ce n'était que le passé! [...] Vous avez piétiné son cadavre, chaud encore, dans ce journal où vous nous insultez... On croirait que vous êtes le seul à pouvoir traiter des sujets hardis, parce que vous leur ménagez une fin édifiante et les saupoudrez d'appels à la prière. Jamais empoisonneur public ne sut mieux son métier. Non content d'interdire aux autres de toucher à ces sujets vous leur interdisez encore de prononcer les mots de religion et de morale. [...] J’ai parlé de ces lettres adressées à Cocteau et conservées dans des mains jalouses. Mais on pourrait publier en fac-similé celle assez récente, que vous écriviez à l'un de vos plus compromettants collaborateurs, après l'une de vos maladies : « ...Les battements de votre jeune cœur m'aident à retrouver le goût de cette vie que j'avais crue perdue. Un jour vous comprendrez que je ne suis qu'un très pauvre homme... » Nous Ile vous le faisons pas dire, mon cher maître. C'est le pauvre homme de Tartuffe au superlatif... Et vous êtes méchant, d'une méchanceté infatigable, qui s'exerce sur tous les terrains avec une espèce d'inconscience. [...] Et il y a cinquante ans, mon cher maître, que vous parlez au nom de la religion et de la morale! [...] C'est l'heure de vous remettre à l'esprit le chevalier de Florian : "La pire espèce des méchants, Est celle des vieux hypocrites." [...] La méchanceté suinte de tous vos pores comme des stigmates, au point qu'un de vos collègues raconte de vous : "Il est si méchant que, même à l'Académie, quand il ne peut plus nous dire du mal de quelqu'un, il nous en dit de ses propres enfants."
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