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Citation de Partemps


Je travaille et je vois, après.
Je travaille sans voir - je vois parce que je travaille.
Je travaille. À force, je vois un peu, parfois. Il ne faut pas en demander trop.
Aspect extrêmement lent. Labour.
Je laboure et vois après ce qui a été retourné - terre, ciel, morts, vifs, mots... Labeur.
Je retourne toujours les mêmes mots ou peu s'en faut, comme si j'avais besoin d'aller au bout de ça, comme si je pouvais en finir.
Je pose le mot ciel, le mot sang : je le pose là, je l'aligne et le laisse posé jusqu'à ce qu'il se défasse, pourrisse, poudroie et ne laisse rien que cendre, poussière, sable de ciel et de sang.
D'où le travail.
Dans la cendre du mot, je ne vois plus, j'entends comme du son resté que j . e ne peux plus travailler ; je ne peux pas tisonner cela. Le travail est alors fini.
Avant, j'ai besoin de voir dans la terre labourée du mot. C'est comme cela : besoin de lancer dans la langue comme un tracteur lent, besoin de cette épaisseur empierrée, caillouteuse, pas facile, besoin peut-être de cette résistance de la terre pauvre.
Les mots, la terre, comme compactée de sens à force de passages.
Je commence quand je laboure - quand je sens dans la langue une sorte de masse tassée de nerfs possibles - c'est difficile à dire - une sorte de masse de possibles sans fin et le poème ne sera qu'une suite de connexions dans ce trop de possibles.
C'est, comme ça.
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