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Critiques de Antoine Garcia (3)
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L'exploration de la Sibérie

Plutôt que faire référence à l'exploration de la Sibérie, le titre de cet ouvrage aurait pu évoquer sa conquête (colonisation).

Au nord (et d'ouest en est), ce territoire était notamment peuplé de Dolganes, d'Evenks, de Youkagirs et de Tchouktes. Au sud (d'ouest en est), il était occupé par des Khirgizes, des Bouriates, des Daours, des Oultches...



▪️ Le temps des Cosaques (partie I) :



Aux 16e et 17e siècles, soldats et explorateurs cosaques (agissant à la solde du Tsar ou d'autres commanditaires, ou parfois à leur compte) explorèrent les territoires sibériens en s'enfonçant progressivement vers l'est. Les cours d'eau servirent souvent de chemin de passage, de même que les mers bordant le nord de la Sibérie. Le portage des embarcations, ou la fabrication de nouveaux vaisseaux, étaient souvent nécessaires pour traverser des zones montagneuses séparant fleuves ou rivières. Il fallut parfois construire des barrages provisoires sur des cours d'eau pour y augmenter la profondeur, le temps du passage. L'immensité des territoires, leurs reliefs, et le climat freinèrent cette progression. L'hostilité des populations locales était un obstacle supplémentaire, même si leur dispersion et leur sous-équipement militaire facilita leur soumission. Les Tchouktches furent parmi les plus réticents à l'arrivée d'éléments étrangers sur leur territoire, et parmi ceux qui adoptèrent le plus facilement les armes à feu.



De cette période, l'histoire de cette conquête a retenu les noms suivants :

- Ermak (1532-1585), qui initia la conquête de la Sibérie occidentale pour Ivan le Terrible (son nom fut donné à l'un des 1er brise-glace russe lancé en 1898, puis à un autre construit à Helsinki en 1974 pour l'Union soviétique),

- Dejnev (1605-1673), qui découvrit que l'Asie n'est pas reliée à l'Alaska, identifiant ainsi le détroit de Béring avant l'explorateur suédois,

- Khabarov (1603-1671)

- Atlassov (1661-1711), qui installa une colonie sur la péninsule du Kamtchatka à la fin du XVIIe siècle). Cette péninsule fut, logiquement, la dernière partie colonisée de la Sibérie. Les russes ont intégré ce fait dans leur langage puisqu'à l'école les cancres du fond de la classe sont affublés du surnom de "kamtchantkistes".



L'objectif premier des expéditions était souvent de prélever un tribut sur les populations locales (le 'yassak', exigé par le Tsar envers 'ses' sujets - généralement en nature - contre sa supposée protection). Les fourrures, en particulier celles des zibelines, étaient particulièrement recherchées (ces mustélidés ont failli disparaître à la fin du 19e siècle) - les auteurs évoquent d'ailleurs une 'ruée vers l'or doux' - ainsi que le rohart (ivoire des dents de morse) près des côtes.



Au sud de la Sibérie, les Cosaques et les Russes se heurtèrent aux défenses organisées de la Mandchourie et de la Chine.



▪️ L'exploration extensive (partie II) :



Pierre 1er (1682-1725) dit Pierre le Grand, décida de faire explorer les territoires orientaux, pour lever l'incertitude d'une éventuelle continuité territoriale entre l'Asie et le continent américain (bien que Dejnev – 1605-1673 - l'eût déjà constaté), et pour rechercher de nouvelles routes commerciales.

De Pierre le Grand (1682-1725) à Catherine II (1739-1796), dite Catherine la Grande, les tsars ont financé des expéditions exploratoires vers la Sibérie. Leurs visées n'étaient pas exclusivement mercantiles, puisque des chercheurs de diverses disciplines y étaient souvent associés : géologues, géographes, astrologues, ethnographes, historiens, et naturalistes, notamment. A la mode encyclopédiste du siècle des Lumières, de nombreux savants travaillaient sur plusieurs disciplines. En 1724, Pierre le Grand fonda l'Académie des sciences et des arts à Saint-Pétersbourg. Des scientifiques étrangers y furent invités. Pierre le Grand leva l'interdiction de recruter des explorateurs d'origine étrangère, et ses successeurs ne remirent pas en cause cette pratique. Cela permit de confier la direction d'expéditions au norvégien Vitus Béring (1681-1741). La 1ère expédition conduite par Béring, à bord du Saint Gabriel, s'acheva en 1730. Béring mourut d'épuisement sur une île en 1741 lors de sa seconde expédition à bord du Saint Paul ; 31 des 77 membres de l'équipage de ce bateau périrent lors de cette expédition, la plupart du scorbut. Le retour annuel des glaces imposait de régulières hivernations, au cours desquelles l'alimentation était compliquée, et qui expliquent une progression vers l'est par sauts de puces. A cette époque, le Petit Age glaciaire rendait impraticable certains chemins de navigation pourtant parcourus auparavant. Cette période climatique froide, du début du 17e au milieu du 19e siècle, localisée principalement sur l'Atlantique Nord, n'épargna en effet pas les côtes bordant la Sibérie.



▪️ L'exploration intensive (partie III) :



En 1649, la Sibérie fut officiellement consacrée comme une terre de relégation.

En 1722, Pierre le Grand ordonna l'exil de criminels, avec femmes et enfants vers les mines d'argent de Daourie en Sibérie orientale. Ce bagne inaugurait en quelque sorte - mais à plus petite échelle - le Goulag soviétique, vaste système de camps de travail forcé (cité une seule fois par les auteurs ; il est vrai que les Russes étaient alors passés du stade de l'exploration - thème de l'ouvrage - à celui de l'exploitation).

En 1825, Nicolas 1er fit expédier vers la Sibérie la plupart des insurgés décembristes (ou décabristes) non exécutés. Certains occupèrent leur temps en explorant la contrée où ils avaient été exilés.

Plus tard, en 1880, après deux ans de prison pour agitation politique, Waclaw Sieroszewski (1858-1945) fut exilé à Yakoutsk. Après une tentative avortée d'évasion vers l'Amérique par la mer, il fut envoyé dans la Kolyma. Médaillé d'or de la Société de géographie russe, sa peine fut annulée et il put rejoindre sa Pologne natale où il devint sénateur.

D'autres choisirent eux-mêmes d'aller en Sibérie. Ainsi, Nicolas Kroptokine (1842-1921) demanda expressément à y être envoyé le temps de son service militaire. La vie de cet activiste anarcho-communiste mérite le détour ; il fut aussi géographe, zoologue, géologue, et anthropologue.

On retiendra aussi les noms de l'écrivain Vladimir Arseniev (1872-1930), auteur de 'Dersou Ouzala', récit dans lequel il raconte ses explorations de l'extrémité orientale du pays avec un guide Nanaï (Golde). Ce récit que je n'ai pas lu fut remarquablement adapté au cinéma en 1975 par Kurosawa.

Citons enfin un sportif/explorateur : le cycliste Gleb Travine (1902-1979) qui parcourut 85 000 km en 3 ans en terrain compliqué à bord d'une bicyclette de 80 kg chargement compris !



Cet essai très documenté raconte une partie de l'histoire de la Russie et m'a donné quelques idées de lectures.
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L'exploration de la Sibérie

"L'exploration de la Sibérie" est un formidable livre d'histoire mais aussi d'aventures. Les auteurs présentent en plusieurs chapitres les différentes étapes de l'exploration de la Sibérie.



En moins d'un siècle, aux XVIe et XVIIe siècles, les Cosaques relient l'Oural à l'Océan Pacifique. Puis l'empire tsariste lançent des entreprises plus scientifiques et plus systématiques aux XVIIIe et XIXe siècles, avec de grandes expéditions, qui n'empêchent pas de formidables aventures individuelles. Enfin au XXe siècle, ce sont les scientifiques explorateurs, mais aussi les explois d'aventuriers individuels.



Chaque chapitre se présente de la même façon. Une présentation des conditions générales des entreprises; puis une biographie courte de l'explorateur et un récit complet de son expédition. Parfois on s'emmêle un peu, comme lors de La Grande expédition des années 1740-1750, où de multiples entreprises parallèles sont lançées.



Une grande tendance : le processus est de plus en plus contrôlé par le pouvoir. D'un siècle à l'autre, on reconnait des constances : des initiatives personnelles au début reprises par le pouvoir tsariste puis communiste, la fascination pour les peuplades sibériennes, parallèlement à leur exploitation ou à leur extermination, les initiatives des déportés, la réticence des gouverneurs locaux à collaborer...



Chacun des chapitres m'a donné envie de lire la biographie d'un ou deux des personnages décrits (sinon de tous). Particulièrement celles du cosaque Djenev, du naturaliste explorateur Messerschmidt, ou du cycliste fou des années 30 Gleb Travine.
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L'exploration de la Sibérie

À l’Est, quatre siècles de conquête et d’exploration d’un « autre Far West » par les « Occidentaux », Russes en l’occurrence.



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