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Citation de Partemps


V. ALIÉNATION ET MAGIE NOIRE

ALIÉNATION

ET MAGIE NOIRE

Les asiles d’aliénés sont des réceptacles de magie noire conscients et prémédités, et ce n’est pas seulement que les médecins favorisent la magie par leurs thérapeutiques intempestives et hybrides

c’est qu’il en font.

S’il n’y avait pas eu de médecins il n’y aurait jamais eu de malades pas de squelettes de morts malades à charcuter et dépiauter,

Car c’est par les médecins et non par les malades que la société a commencé.

Ceux qui vivent, vivent des morts.

Et il faut aussi que la mort vive ;

Et il n’y a rien comme un asile d’aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse des morts.

Cela a commencé 4.000 ans avant J.-C. cette thérapeutique de la mort lente, et la médecine moderne complice en cela de la plus sinistre et crapuleuse magie, passe ses morts à l’électro-choc et à l’insulino-thérapie afin de bien chaque jour vider ses haras d’hommes de leur moi, et de les présenter ainsi vides, ainsi fantastiquement disponibles et vides aux obscènes sollicitations anatomiques et atomiques de l’état appelé Bardo, livraison du barda de vivre aux exigences du non-moi.

Le Bardo est l’affre de mort dans lequel le moi tombe en flaque, et il y a dans l’électro-choc un état flaque par lequel passe tout traumatisé, et qui lui donne, non plus à cet instant de connaître, mais d’affreusement et désespérément méconnaître ce qu’il fut, quand il était soi, quoi, loi, moi, roi, toi, zut et ÇA.

J’y suis passé et ne l’oublierai pas.

La magie de l’électro-choc draine un râle, elle plonge le commotionné dans ce râle par lequel on quitte la vie.

Or, les électro-chocs du Bardo ne furent jamais une expérience, et râler dans l’électro-choc du Bardo, comme dans le bardo de l’électro-choc, c’est déchiqueter une expérience sucée par les larves du non-moi, et que l’homme ne retrouvera pas.

Au milieu de cette palpitation et de cette respiration de tous les autres qui assiègent celui qui, comme disent les Mexicains, raclant pour l’entamer l’écorce de sa râpe, coule de tous côtés sans loi.

La médecine soudoyée ment chaque fois qu’elle présente un malade guéri par les introspections électriques de sa méthode,

Je n’ai vu moi que des terrorisés de la méthode, incapables de retrouver leur moi.

Qui a passé par l’électro-choc du Bardo, et le Bardo de l’élèctro-choc ne remonte plus jamais de ses ténèbres, et sa vie a baissé d’un cran.

J’y ai connu ces moléculations souffle après souffle du râle des authentiques agonisants.

Ce que les Tarahumaras du Mexique appellent le crachat de la râpe, l’escarbille du charbon sans dents.

Perte d’un pan de l’euphorie première qu’on eut un jour à se sentir vivant, déglutinant et mastiquant.

C’est ainsi que l’électro-choc comme l

Bardo crée des larves, il fait de tous les

états pulvérisés du patient, de tous les faits de son passé des larves inutilisables pour le présent et qui ne cessent plus d’assiéger le présent.

Or, je le répète, le Bardo c’est la mort, et la mort n’est qu’un état de magie noire qui n’existait pas il n’y pas si longtemps.

Créer ainsi artificiellement la mort comme la médecine actuelle l’entreprend c’est favoriser un reflux du néant qui n’a jamais profité à personne, mais dont certains profiteurs prédestinés de l’homme se repaissent depuis longtemps.

En fait, depuis un certain point du temps.

Lequel ?

Celui où il fallut choisir entre renoncer à être homme ou devenir un aliéné évident.

Mais quelle garantie les aliénés évidents de ce monde ont-ils d’être soignés par d’authentiques vivants ?

farfadi ta azor tau ela auela

a

tara

ila tu t’en vas, dit l’immonde tutoiement du Bardo, et tu es toujours là

tu n’es plus là

mais rien ne te quitte

tu as tout conservé

sauf toi-même et que t’importe puisque le monde est là.

Le monde, mais ce n’est plus moi.

Et que t’importe, dit le Bardo

C’est moi.

P. S. — J’ai à me plaindre d’avoir dans l’électro-choc rencontré des morts que je n’aurai pas voulu voir.

Les mêmes, que ce livre imbécile appelé

Bardo Todol draine et propose depuis un peu plus de quatre mille ans.

Pourquoi ?

Je demande simplement

Pourquoi ?
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