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Citation de Charybde2


« On peut s’imaginer des mondes possibles sans péché et sans malheur, et on en pourrait faire comme des romans, des utopies […] ; mais ces mondes seraient fort inférieurs en bien au nôtre » (Leibniz)

La science des schtroumpfs, la schtroumpfologie, inaugurée en 1979 par notre regretté Umberto Eco dans un texte quelque peu méconnu (« Schtroumpf und Drang ») dont le titre parodiait celui de la célèbre pièce qui inaugura le préromantisme allemand, connaît de nos jours un essor médiatique inédit. Outre le goût de la réécriture (allant des remakes et reboots aux divers révisionnismes) qui caractérise notre culture nostalgique en un vaste mouvement allant des baby boomers aux hipsters, on peut y voir un effet de la prolifération générale de communautés interprétatives qui, véhiculée et renforcée par celle des réseaux sociaux, engendre une inflation d’exégèses. A contrario des rituels de légitimation qui, bien que hantés par le spectre de la déconstruction, régissent ce qui se fait encore passer pour de la haute culture, la culture commune, induite par la culture de masse, se trouve ouverte aux réappropriations de tout un chacun. Des forums de fans aux conversations de comptoir fusent ainsi les modalités d’analyses sauvages où l’interprète risque de présenter ses propres élucubrations comme un enrichissement ou un approfondissement des œuvres dont il parle. C’est ainsi que les schtroumpfs se sont trouvés au cœur de toutes sortes de lectures plus ou moins ésotériques confluant en un même « syndrome du soupçon » étudié par Eco dans une autre de ses œuvres, I limiti dell’interpretazione (1990). À l’ombre de la conspiranoïa ambiante, ces lectures passent le plus souvent de la quête de messages cachés au procès d’intention et les schtroumpfs en font singulièrement les frais.
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