Vingt ans plus tard, terrifiée par les perspectives écologiques et l'explosion à venir du nombre de cancers, la société comprend qu'il ne s'agit plus de créer des monstres abominables ou parfaits mais de détecter les blessures biologiques les plus intimes, jusqu'aux traces laissées au niveau cellulaire par l'histoire, dans le but de trouver les façons les plus efficaces de réparer le vivant.
La répétition serait donc destinée à indiquer la place où les marques épigénétiques doivent se poser. Je me sens comme un explorateur devant un continent vierge...
L’industrie, elle, s’intéresse aux gros marchés des maladies chroniques : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires. A elles seules, ces trois maladies représentent les deux tiers de l’économie pharmaceutique. A côté, les 8 millions de trisomiques vivant dans le monde (400 000 en Europe) ne font pas le poids. Question de rentabilité.
De façon stupéfiante, si l’on force une abeille à effectuer une autre tâche que celle qui lui est naturellement dévolue, son épigénome se modifie pour prendre les caractéristiques attachées à la nouvelle fonction sociale ! Une fonction qui induit la différence, mais réversible, comme si la pratique d’un métier ou un autre agissait sur l’épigénome
Ces découvertes et les prouesses technologiques qui les rendent possibles alimentent des idées délirantes de clonage, de recréation d‘hommes du passé, de décodage de l‘ADN des illustres figures de l’histoire. Mais un simple code, ne donne pas les clés des idées, des pensées et des trajectoires individuelles. C’est un peu comme les reliques que l’on trouve dans certaines églises : le doigt d’un saint est-il l’essence de se sainteté ? Tout cela nous montre que l’information donnée par la génétique est essentielle mais statique, privée du relief de la vie réelle, du vécu des personnes.
Hélas, derrière certains aspects de la génétique, il y a beaucoup d'argent, des applications industrielles à grande échelle, des intérêts économiques hors norme, et aussi politiques.
Evidemment, le fait que l’on constate une diminution de la taille du pénis des alligators vivant dans des lacs contaminés aux pesticides ne parle pas à beaucoup de gens, mais si on expliquait aux hommes qu’ils courent le même risque à cause de la pollution environnementale, ils seraient portés à réagir.