Amir était un garçon fervent.
Chaque fois qu’il passait près de la forêt, si près qu’il frôlait de la hanche et du bras les premiers arbres, il faisait trois prières :
l’une était à voix haute,
l’autre était murmurée,
et pour la dernière, plus forte mais bouche fermée,
il prenait soin d’imprimer bien noir les phrases dans son cerveau.
Des sons, des a et des o, semblaient entendus
autour – par les fougères, les buissons, les bruyères. De l’air froid passait, presque imperceptible.
Pendant qu’il répétait cette liturgie, il serrait fort les poings : tout mon corps ne pourrait être plus tendu – ça va marcher.
Au début, petit rôdeur, il reste à la lisière de la forêt, y entre rarement – seul un petit pas sur le côté, deux pas chassés, un saut de puce.
Puis gagne en audace, gagne en courage.
Un observateur avisé
– s’il y en avait un dans cette région où personne n’habite vraiment –
verrait qu’à chaque pas que fait Amir en direction de la forêt, quelque chose de son visage se perd, se dissout dans – on ne sait quoi – très obscur.
Ce très obscur d’où surgissent – quoi, tant de voyageurs.