Je devais récupérer mon fils, rattraper le temps qu’on avait perdu. Acheter tous les jouets qu’il me demanderait. Commencer à l’entraîner pour la vie. Et, surtout, le séparer de cette femme. Il fallait que je le lui retire. A priori par la force. Mais sans me confronter directement à elle, sans la voir. Je ne supporterais pas de la voir. J’avais besoin d’un plan.
«On l’appelle Veneno, mais son nom c’est Enrique, Enrique Domingo. Quand il était petit, pour tout le quartier, c’était Quique ou le Frangin. Veneno, ça lui vient de l’époque où il était à l’Action catholique de Burzaco. Y a pas plus cruel qu’un catholique pour donner un surnom, c’est ce qu’il répond quand on lui demande pourquoi on l’appelle comme ça, Veneno, mais il n’explique pas de quoi ça vient, ne donne pas de détails. Quand il est seul chez lui, les lumières éteintes, le cafard qui lui serre la poitrine et la fumée qui lui pique les yeux, il pense à cette époque de sa vie, et puis les visages et les noms, ça lui revient. »