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Citation de Cielvariable


Portrait des enfants doués : leurs qualités

Dans toute la littérature consacrée aux enfants doués sont mentionnées les mêmes caractéristiques : pratiquement constantes dans leur description, elles confirmeraient le lecteur dans la conviction qu’un enfant doué doit posséder toutes ces caractéristiques. En réalité, ces caractéristiques sont plus ou moins prononcées, au point de sembler parfois inexistantes ; il y a autant de diversité parmi les enfants doués que dans tout ensemble.

Quand on évoque les enfants doués, on ne s’étonnerait pas de cette homogénéité, on y fait allusion comme s’il s’agissait de traits communs à une espèce, à une ethnie, voire d’un syndrome, au point qu’on s’interroge, et qu’on est même gagné par le doute, lorsqu’un enfant ne présente pas toutes ces composantes. Par exemple, il a appris à lire seulement en CP, et, plus suspect encore, il n’aime pas particulièrement lire… Il faut préciser que s’il a été initié à la lecture par une méthode qui ne lui convenait pas, il n’aime pas lire parce que la lecture lui demande un effort considérable, impossible à soutenir longtemps : les plongées dans de passionnants récits lui sont alors interdites, mais il peut être attiré par d’autres activités, pour lui tout aussi enrichissantes.

CES QUALITÉS QUI FORGENT UNE DÉFENSE

On évoque souvent l’humour que ces enfants manient avec tant de finesse : c’est un remède souverain contre la tristesse, la nostalgie, la peine. Pour ces enfants si vite blessés, l’humour est l’arme ultime atténuant leur souffrance. Il permet de prendre un peu de recul, de lutter par le sourire qu’il provoque contre les désagréments d’une existence emplie de malentendus. Il les relativise, alors que ces enfants entiers et passionnés auraient tendance à vivre avec intensité tous les événements. Leur acuité intellectuelle leur permet de discerner le minuscule élément qui pourrait prêter à rire. C’est une arme efficace à laquelle ils ont très tôt recours, elle constitue une certaine protection et elle détourne l’attention de l’entourage. L’humour pondère, apaise, répare, il permet aussi une certaine complicité avec les adultes.

La lucidité va de pair avec cette capacité à se forger une efficace défense. On ne peut pas les leurrer, ils savent discerner immédiatement l’essentiel d’une situation grâce au regard pertinent qu’ils portent sur toute chose. Ils ne se laissent pas abuser par les détails sans importance, ni par les faux-­semblants destinés à égarer les naïfs. Grâce à leur logique rigoureuse, très manifeste aux tests – quand ils ne peuvent se résoudre à donner une réponse ne satisfaisant pas cette logique –, ils savent procéder à des synthèses sûres en prenant en compte de nombreux éléments. Cette lucidité surprendra toujours ceux qui pensent que les enfants croient tout ce qu’on veut leur faire croire.

UN GRAND BESOIN DE COHÉRENCE

Le sens de la justice est dicté par le besoin de cohérence propre aux personnes douées. L’injustice, c’est le désordre, le chaos, rien n’est à sa place, rien n’est plus cohérent. L’injustice signifie que tout le monde peut dire et faire n’importe quoi sans en être sanctionné, même si d’autres souffrent et vivent des drames à cause de cette désinvolture, pour eux absolument révoltante.

D’ailleurs, les héros justiciers qui rétablissent l’ordre, volent au secours des faibles et emportent tous les suffrages sont pourvus en abondance de nombreux dons.

Il ne s’agit pas d’un ordre instauré de façon arbitraire, mais de celui qui assure la cohésion de l’univers. Les enfants doués saisissent bien, et tout naturellement, le rapport entre les grandes forces qui ordonnent l’univers et les péripéties du quotidien. L’injustice menace cet ordre dans ce qu’il a d’essentiel.

Une étude menée par le neuropsychologue Jean Decety de l’Université de Chicago démontre à l’aide d’IRM pratiquées sur des personnes confrontées à des vidéos mettant en scène le bien et le mal, l’équité et l’injustice, que « les aires de la raison s’activent beaucoup plus chez les personnes considérant la justice comme une valeur forte au détriment de leurs aires émotionnelles1 ». La notion de justice est bien liée à la raison.

La générosité relève du même besoin de cohérence et d’un souci d’ordre identique. Cette même étude conclut que les personnes investies dans les ONG seraient plus guidées par la raison que par les sentiments, ce qui est heureux dans ces circonstances, car les qualités requises de sens de l’organisation, de capacités de réaction rapide et d’initiative sont plus efficaces chez les personnes douées.

CE QUI RELÈVE DE L’INTENSITÉ

On ne doit pas négliger la passion, sans laquelle rien ne se ferait. Elle constitue le moteur indispensable pour toute réalisation intéressante, originale et exécutée à merveille. Sans passion, il n’y aurait pas de découvertes, pas de recherches acharnées ; elle est alimentée par la curiosité intellectuelle, et en retour elle ouvre de nouvelles voies. Lisez l’interview de n’importe quel chercheur, savant ou spécialiste de renom, la passion pour son travail transparaît dans toutes ses phrases.

C’est une qualité indispensable chez ceux qui permettent à l’humanité d’avancer dans toutes les voies possibles, alors que, jusque-­là, on pensait que ces voies n’existaient pas ou bien qu’elles étaient définitivement sans issue ; elle suscite l’étincelle de génie, suivie d’un lent, long et patient travail qui aboutit aux découvertes.
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