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Citation de Cielvariable


Maintenant, elle devait répondre. Avouer qu’elle n’en savait rien. Elle décida de parler ouvertement. De toute façon, le curé saurait les mots qu’elle tairait. Et elle parla pendant ce qui lui sembla une éternité. De leurs derniers mois à Shawinigan. Des dettes. De sa peur. Du fait qu’elle avait obligé Ovila à fuir, de son départ précipité à elle. Elle prit conscience qu’elle avait des sanglots dans la voix et des larmes dans les yeux mais elle les refoula. Elle n’allait quand même pas pousser le ridicule jusqu’à pleurer devant quelqu’un! Tantôt le curé la regardait bien en face, tantôt, devant son trouble, il détournait le regard, visiblement mal à l’aise, lui aussi. Pourtant, il l’interrompit.

— Cessez, Émilie. Vous savez aussi bien que moi que, dans notre belle religion, l’eau a toujours eu des effets de purification. Laissez donc l’eau de votre corps purifier votre âme troublée.

Émilie renifla à deux reprises. Au lieu de la calmer, le curé venait d’attiser une colère qui grondait depuis longtemps.

— Dans notre belle nature, monsieur le curé, si on se coupe, on peut saigner à mort. Si on brise une digue de castor, l’eau arrête plus de couler. Quand une femme perd ses eaux, elle peut plus empêcher la souffrance de la naissance. Quand les nuages crèvent, la pluie peut pas faire autrement que de tomber. Ça fait que, monsieur le curé, étant donné que j’ai neuf bouches à nourrir, faut surtout pas que je laisse la pluie venir faire pourrir mes récoltes!
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