Il s'en faut que Chardin, au sortir de l'atelier de Cazes soit un artiste, ait conscience de ce qu'il veut et peut faire. Il cherche à s'employer comme il peut, comme une sorte de manœuvre plein de bonne volonté et d'une heureuse ignorance. Un jour il est chez Noël-Nicolas Coypel comme aide, et l'artiste le juge digne de peindre un fusil dans un portrait de chasseur, quitte à le retoucher. Un autre jour le voilà embauché par Van Loo pour des travaux de restauration à Fontainebleau. Pendant tout ce temps le bon garçon travaille assidûment, ingénument; aucune leçon n'est pour lui perdue, pas plus l'intérêt qu'il peut y avoir à bien peindre un simple accessoire, tel que le fameux fusil, à le bien disposer en bonne lumière, que les enseignements de tel ou tel maître qu'il va suivre à l'Académie, tout en pensant aux moyens de gagner sa vie.