(p. 74-75)
"Il.elle a deux personnalités, c'est un.e vrai.e schizo !"
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La schizophrénie est un des troubles psychiques les plus stigmatisés, y compris par les hommes et les femmes politiques dans leurs prises de parole publiques. Une étude de l'utilisation du mot schizophrène sur les réseaux sociaux conduite en 2019 a montré que le terme est très régulièrement employé comme catachrèse en dehors de la médecine. C'est le cas par exemple dans les prises de parole politique, où il sert à dénoncer des contradictions entre des faits et des actes des gouvernants. Il vise généralement à désigner un homme politique, une institution ou les concitoyens qui seraient incapables de tenir une ligne politique et des revendications claires. Dans 59% des cas, le terme est utilisé pour souligner un double langage, une incohérence ou une ambivalence. Dans 18% des cas, c'est la notion de double personnalité qui est évoquée.
Concernant la presse, cette même étude a montré que 50% des articles de médias régionaux et 18% des articles de médias nationaux faisant référence à la schizophrénie dans leurs titres concernaient des faits divers (avec différents faits de violences, etc.) alors que l'on sait que les personnes vivant avec une schizophrénie ne commettent pas plus de crimes que les autres.
Les études scientifiques l'attestent donc : parler du suicide sauve des vies. Cet effet protecteur est connu sous le nom d'effet Papageno, en référence au personnage de l’Opéra de Mozart La flûte enchantée, dissuadé de mettre finir à ses jours après qu’on lui a rappelé les alternatives au suicide.
Trop souvent, les tentatives de suicide sont vues comme des « appels à l’aide » ou pire, comme des mises en scène visant à attirer l’attention sur soi.
Il fut un temps où l'on croyait que moins on parlerait du suicide, moins il y en aurait.