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Citation de Charybde2


Hester : Alors la ferme, et tu écoutes. (Pause.) Je parle de mon retour. Je me suis crevée à me souvenir. je n’aurais pas dû. Résultat : j’ai peur.
Johnnie : De quoi ?
Hester : Pas une peur ordinaire. Ce n’est peut-être pas le mot. Ne va pas croire que j’ai peur de vous. Si je suis revenue c’est seulement parce que je suis complètement fauchée. Seulement à Kommodagga, il y a eu en gare un arrêt qui n’en finissait pas – les souvenirs sont revenus et ça m’a mis dans un état… (Elle cherche les mots.) Disons que j’avais les nerfs. Ça me tapait sur les nerfs d’une façon… Attendre, dans cette chaleur, en sueur. Moi je ne sais pas attendre. En plus, c’était un omnibus. Il s’arrêtait partout. Et fallait voir la vieille sorcière qu’il y avait dans mon compartiment. Je les déteste quand elles sont comme ça – grasses, dans des habits noirs comme dit la Bible parce que quelqu’un est mort, et ça m’appelait Ma Sœur. J’y ai eu droit depuis Newport sans interruption, avec le royaume de Dieu qu’on a à portée de la main, pas de poisson le vendredi, et toutes ces conneries. Et mes souvenirs revenaient. Pas besoin de me forcer. Non. A l’idée de revoir tout ça. Me dire que rien n’avait changé. Tu comprends ? Revenir et tout retrouver pareil. Ça ne me faisait pas peur de tout retrouver changé, en moi je me disais : pourvu que ça ait changé. Pourvu que tout soit différent, que je ne reconnaisse rien, que je me sente perdue, et que je doive demander mon chemin. Je m’en fichais. Mais l’idée que tout serait pareil en arrivant m’a rendue malade ! Mal à l’estomac ! J’avais pris une tarte aux fruits avec du thé l’après-midi. À vomir !
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