Augusta Gregory

Dans la catégorie littérature irlandaise du début du vingtième siècle, on a retenu William Butler Yeats, prix Nobel en outre, à la rigueur John Millington Synge. Lady Augusta Gregory, comment dire... c'était une femme. Elle n'a même pas été traduite.

Sur les trois pièces ci-présentes je n'ai lu que "The Dragon". Pour résumer très sommairement, il s'agit d'une princesse dont un oracle a dit qu'elle serait dévorée par un dragon à sa majorité. Mais, bien entendu, un prince ne l'entend pas de cette oreille. Je n'en dévoile pas plus.

L'autrice appelle ses pièces des "miracles", de manière un peu provocatrice, dans la mesure où les miracles en question sont de nature particulièrement païenne. Difficile en effet de confondre les herbes des marais de la fin de la pièce avec de l'eau bénite ou avec le vin des noces de Cana. Pourquoi cependant ne pas considérer que la défense des racines irlandaises, une forme de nationalisme en Irlande, tienne lieu de religion? Autant pour les racines judéo-chrétiennes... La pièce ne manque pas de moments parodiques, à travers, par exemple, le personnage de Taig, le tailleur qui se fait passer pour un prince pour se trouver ridiculement démasqué. Le miracle suit, toutefois : Taig le tailleur se bat courageusement face au dragon. La suite, c'est l'art de perdre irlandais.

Dans l'ensemble, la pièce n'est pas fondamentalement féministe, c'est-à-dire que cela ne constitue pas sa préoccupation principale. La princesse Nuala trouble cette constatation : libre, elle rejette tous ses prétendants jusqu'au vrai prince et semble se suffire à elle-même. Le roi subit les commandements de la reine, notamment en matière de nourriture, autre ressort du comique. Le surnaturel, la force de la nature, parsèment la pièce, un peu comme chez Synge, justement. Autrice oubliée, pas tant que cela puisque j'ai pu la lire, et que j'ai aussi dans ma bibliothèque numériques les histoires de Cuchulain, qu'elle a recueillies et retranscrites et que je lirai si j'en ai le temps un jour.