La musique harmonique est une des conquêtes les plus récentes de la civilisation : l’harmonie, c’est-à-dire le mariage des consonnances et des accords, la polyphonie des instruments et des voix, n’est point le caractère des musiques primitives : il n’y a point d’harmonie véritable dans les concerts, si bruyants qu’ils puissent être, où un thème mélodique est simplement renforcé ou soutenu par des unissons, des basses-pédales, des sourdines, dont le murmure monotone échappe à la mesure et au rhythme. Dans un tel concert, et la musique non harmonique n’en peut produire d’autres, la mélodie est tout : seule, elle a des lois, des cadences, un mouvement ; les bruits qui l’enveloppent ne sont point un véritable accompagnement, ils ne sont que le fonds sonore, l’atmosphère lourde el immobile qui soutient les ailes de la pensée musicale.