Je savais que si ma mère se conformait à tout ce que je désirerais, mon père serait prêt à me renier si j’osais dire que ma fille ne serait pas excisée.
Lorsque ma fille Tulaï naquit, je l’accueillis avec un mélange de joie et de crainte. De joie parce qu’elle était ma chair et mon sang, de crainte parce que je connaissais les terribles difficultés qu’entraînait l’éducation en toute sécurité d’un enfant dans notre société. Je pensais aux milliers d’adolescentes qui tombaient enceintes au milieu de leur parcours scolaire, la plupart en victimes innocentes d’hommes égoïstes sans scrupules.