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Citation de michelblaise


Je voudrais vous raconter une expérience qui me sert encore de boussole ...

Je visitais à Cape Town un immense, horrible et poussiéreux musée Grévin hors d'âge : une femelle de cire aux seins pendants allaitait un bébé dans chiffon crasseux, avec un semblant de feu dans un semblant de case pleine d'ustensiles et de détritus.

Plus loin, des hommes en haillons, plus nus que nus.

Il y a un mot terrible en grec ancien pour dire les corps déformés des «esclaves par nature » dont Aristote se demande s'ils existent : "banausos", comme un potier, un forgeron, un manœuvre déformé par le travail.

Un musée des horreurs qui sentait l'apartheid à plein nez, montrant des primitifs et des sous-hommes.

Cancel ! On rase tout ça !

Or, qu'a fait Mandela en arrivant au pouvoir ? Il a nettoyé la poussière et il a posé au milieu de l'immense première salle un petit écriteau en plusieurs langues : «Que pensez-vous de ce que vous voyez ? »

Rapport qualité-prix, on n'a jamais fait mieux.

C'est plus efficace plus intelligent, plus démonstratif que de déboulonner les statues.

Il y va de la meilleure leçon d'histoire, du plus haut degré de la culture, et de la seule chose à enseigner : le jugement.

C'est, disait Hannah Arendt, la vertu politique par excellence.

Après, reste à savoir comment parler. Moi , je veux pouvoir dire « femme de ménage » plutôt que « technicienne de surface », parler de nègre comme de négritude, dire « droits de l'homme » et pas nécessairement « droits humains ».

Mais je suis d'accord, il ne faut jamais fermer la porte du bureau quand on reçoit un étudiant, sauf quand il y a trop de bruit dehors.
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