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Critiques de Bashkim Shehu (2)
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L'automne de la peur

Shehu Bashkim – "L'automne de la peur" traduit de l'albanais par Isabelle Joudrain-Musa, préface de Ismail Kadaré – Fayard, 2017 (ISBN 978-2-213-03084-5)

– format 22x14cm, 203p.

– copyright 1993 pour la première édition de la traduction en français ;

la préface d'Ismail Kadaré (pp. 7 à 31) est également signée de janvier 1993.



Comme précisé sur la quatrième de couverture, l'auteur n'est autre que l'un des fils de Mehmet Shehu, qui fut – dès la création des cellules communistes albanaises pendant la Seconde Guerre Mondiale 1939-1945 et jusqu'en 1981 – le bras droit et même l'auxiliaire indispensable du dictateur Enver Hoxha, tous deux créant, organisant et renforçant sans cesse l'une des pires dictatures staliniennes engendrées par l'idéologie marxiste-léniniste, comparable au régime de la Corée du Nord ou à celui des khmers rouges du Cambodge.



Mehmet Shehu fut longtemps le successeur programmé d'Enver Hoxha. On le sait, ces régimes étaient friands de renversements spectaculaires, jetant au cachot, torturant et assassinant en quelques jours ces braves camarades brusquement devenus des "traîtres à la solde de puissances étrangères".

Tel fut le cas de la famille Shehu, le père – Mehmet (probablement contorsionniste sans le savoir) – "suicidé" de deux balles tirées dans le dos en 1981, tandis que le reste de la famille se voyait jeté dans l'un de ces bagnes immondes, mis au point sous Staline et son temporaire copain Hitler. Bagne auquel l'auteur survécu de justesse, il ne dut son salut qu'à la chute de ce régime en 1991.



Dans les régimes communistes, en règle générale, tout l'entourage familial et amical des bannis était éliminé sans pitié, par l'assassinat, la détention en établissement "psychiatrique" ou l'épuisement physique au goulag, de telle sorte que nous ne possédons que de très rares témoignages semblables à celui livré ici de première main par Bashkim Shehu (dans le genre, je ne vois guère que les témoignages de la fille de Staline, Svetlana Allilouïeva).



Né en 1955, l'auteur a donc 26 ans en 1981, il n'est plus un bambin : il s'attache ici à reconstituer dans toute la mesure du possible ce que fut le vécu familial des trois derniers mois (octobre à décembre 1981) précédents la chute et l'assassinat de son père.

de surcroît, la finesse de l'analyse tant politique que personnelle rejoint la qualité littéraire de l'écriture : ce témoignage se lit quasiment d'une traite tant il s'avère passionnant.



de cet auteur, j'avais précédemment lu et beaucoup apprécié "Le jeu, la chute du ciel" (cf recension), un texte d'une grande originalité.



Je ne saurais conclure sans évoquer la préface d'Ismaïl Kadaré, ainsi que le rôle qu'il tient dans le récit de Bashkim Shehu : là encore, c'est un témoignage important sur la place que certains écrivains critiques purent et surent tenir dans ce type de dictature...



Et ces témoignages prennent encore plus de poids lorsque l'on sait combien les "mafias rouges" furent à même de détruire un maximum d'archives compromettantes lors de la chute du communisme, la plus grande partie de ces mafieux reprenant rapidement du service en re-devenant les "nouveaux" seigneurs de ces "démocraties" : lire à ce sujet le roman humoristique de Elitza Gueorguieva intitulé "Les cosmonautes ne font que passer" (Gallimard, 2016 – voir recension).

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Le jeu, la chute du ciel

Shehu Bashkim – "Le jeu, la chute du ciel" traduit de l'albanais par Michel Aubry (traduction revue par l'auteur)– Ed. des Quatre Vivants, 2017 (ISBN 979-10-95087-02-1)

– format 21x16cm, 198p. – copyright 2013 pour l'original publié en Albanie

– Prix "Balkanika 2016" et "Méditerranée étranger 2018".



La quatrième de couverture offrant une bonne présentation de ce récit ainsi qu'une brève biographie de l'auteur, je me limiterai à quelques indications relatives au style.



En effet, cet écrivain dispose d'une impressionnante maîtrise d'écriture, qui lui permet de rendre compte des méandres de la remémoration toujours tortueuses, télescopant les chronologies, torpillant toute linéarité chronologique, tout en recourant à une langue soutenue : ce sont là de grandes qualités littéraires à mes yeux (ceux d'un lecteur récidiviste de Proust), mais je conçois que cela puisse ne pas plaire à tout un chacun...



Dans un tout autre style, dans une toute autre écriture, dans une toute autre trame, ce tableau violent de l'Albanie victime d'un totalitarisme stalinien effréné puis d'un capitalisme sauvage maffieux peut aussi faire penser aux romans de Sofi Oksanen prenant pour cadre l'Estonie (voir recensions).

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