Mon mari était arrivé seul, deux ans avant nous, avec la détermination et l’appétit d’un conquérant. Les enfants ont vite appris la chanson, celles des grands espaces et des rêves immenses qu’offre l’Amérique à ceux qui n’ont pas peur. Moi, je suis venue à reculons. Je suis une femme d’intérieur, de l’intérieur du « grand ailleurs » et c’est dans la cour d’une maison disparue, au cœur de mon tout petit pays où j’avais grandi dans la peur, que j’ai enterré mes rêves.