Trop de mots tuent les mots ! Et notre monde croule sous un flot de paroles verbales et d'images imagées. Des mots sans but ni raison. Juste des mots pour combler la peur du silence et de l'émotion vraie. Des mots pour des mots. Des mots qui parlent et ne disent pas. Des mots qui racontent et n'expriment pas. Des mots jusqu'à l'ivresse. Pour se perdre. Pour s'oublier.
(...) Sans créativité, sans imagination, impossible de contourner un obstacle. La formation normative et réductrice qu'on applique à l'apprentissage interdit tout initiative personnelle. Outre le fait qu'elle fabrique une série de clones pour lesquels la norme est la seule limite, elle écrête les plus imaginatifs parce qu'ils sont "ingérables" et largue en route ceux qui paraissent inadaptés, en ne tenant pas compte du fait qu'un enfant non normatif est celui qui parle, qui délivre un message direct pour le maître et qui, par son agitation, témoigne justement d'un ressenti qui tente de s'exprimer.
L'écoute qui entend et qui partage, l'écoute qui se fait silence. Le silence n'aime pas la profusion de mots. Nous savons parler ou nous taire, mais nous savons mal nous contenter des mots nécessaires. Nous oscillons sans cesse entre un mutisme et une explosion de paroles qui déborde la vérité.