Si les centrales nucléaires sont bien implantées sur le sol de France, il se trouve que, depuis plus de vingt ans, nous ne produisons plus un seul kilo d’uranium sur le sol national. Curieuse indépendance donc qui repose entièrement sur un approvisionnement extérieur dont la sécurité d’approvisionnement est discutable lorsqu’il provient du Niger ou du Kazakhstan, où il donne lieu à des exploitations minières pharaoniques.
Le plutonium directement utilisable pour fabriquer des bombes continue à s’accumuler à la Hague. Son stock atteignait plus de 80 tonnes fin 2010 (dont 18 appartenant à des pays étrangers qui ont fait retraiter leurs combustibles), de quoi fabriquer 9 500 bombes nucléaires, de l’aveu même de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui considère que 8.5 kilos de plutonium de cette qualité sont suffisants pour fabriquer une bombe nucléaire.
Au début des années 1970 le démarrage du programme électronucléaire français s’est produit dans une ambiance très particulière dont nous n’avons plus conscience aujourd’hui. Les prévisionnistes officiels, en France comme au niveau international, misaient sur une augmentation exponentielle des besoins énergétiques de la planète. C’est l’époque où Marcel Boiteux, directeur général d’EDF, soutenait sa célèbre loi d’un doublement tous les dix ans de la demande d’électricité en France, loi qui s’est vérifiée une seule fois, sur dix ans, dans les années 1960 et s’est effondrée ensuite. C’est aussi l’époque où EDF prévoyait une consommation de 1 000 TWh en 2000, consommation qui s’est révélée moitié moindre cette date atteinte (en 2009 elle n’était toujours que de 517 TWh). Il fallait donc d’urgence lancer un très grand programme français qui serait la tête de pont d’une activité intense d’exportation de centrales nucléaires à travers le monde.