Cela m'attristait de m'éloigner et de la regarder nous faire des signes d'adieu avant que chacun ne rentre chez soi. Nous étions une famille de huit – cinq enfants, deux parents et une grand-mère –, mais elle avait éclaté, et chacun s'était retiré dans son appartement conçu pour une personne (…) Nous étions séparés par huit toits. »
Tacitement mais avec un orgueil farouche, envers et contre tout et en dépit de l'histoire familiale, nous continuons à nous aimer profondément. L'une des manières de le prouver consiste à s'acheter des cadeaux. Au fil des années, cet exercice, surtout à Noël, est devenu financièrement paralysant. (…) Le cycle continue, et, de janvier à février, nous vivons dans une pauvreté extrême, entourés de cadeaux lumineux, rassurés de l'amour qu'on nous porte.
Par « boites », maman voulait parler des diverses obsessions de formes rectangulaires qui apparemment me corrompaient depuis des années. Pour commencer, les magazines et les romans, ensuite les baladeurs, les jeux vidéo, les télévisions et les ordinateurs qui avaient infiltré ma vie, réduisant à une coquille vide l'enfant qu'elle avait élevé et entouré d'affection.
Il y a juste un tas de veilles femmes, personne ne te regarde.