C'est un nuage. C'est comme l'obscurité rendue palpable, comme le ciel qui descend. Comme le Dakota du Sud, quand il ne pouvait s'empêcher de rouler. Il se faisait des croque-monsieur à la poêle, sur un feu, au bord de la route. Dormait dans la voiture. Passait ses journées à fixer les hautes herbes de la prairie, à regarder paître les cerfs à queue noire et les antilopes. A écouter les coyotes hurler à la lune. Soleil qui se lève le matin comme une crue montant jusqu'au sommet des aiguilles, dévalant les ravins en torrents d'eau sanglante. Pulsation de la glaise et de l'argile : le soleil se hisse dans le ciel en pompant. Enfer aux flammes éteintes, paysage lavé, emporté par chaque pluie. Monde nouveau à chaque nouvel orage, toujours identique à lui-même. Rouler et rouler encore, boucler une énième fois le même trajet circulaire sans quitter la grand-route jusqu'à ce que chaque pic et chaque ravin soit gravé au fer rouge dans son esprit.