On passe de modèles de validation a priori et centralisés à des modèles a posteriori , plus diffus. Ces nouveaux processus s’appuient sur deux caractéristiques principales de l’édition numérique : la capacité de mise à disposition large et peu coûteuse des contenus, et la possibilité de dynamiques collectives fondées sur les communautés.
L’objectivité des algorithmes n’est pourtant qu’un leurre : ils proposent en réalité de véritables visions du monde. (...) cette vision du monde tend à mesurer l’impact et la visibilité d’un contenu, plus que sa qualité. Elle fait ainsi correspondre légitimité et visibilité. Par ailleurs, le fait qu’un article soit bien classé entraîne d’autres citations, mettant ainsi en place une boucle qui rend de plus en plus visible un groupe restreint de contenus — c’est ce que l’on appelle le Matthew effect.
Amazon a inversé en partie le rapport de force entre l’amont de la filière (l’édition) et l’aval (la distribution). Cette inversion est très importante, car elle ne se limite pas aux ouvrages sur support papier, mais touche également le livre numérique. Sur ce marché, Amazon occupe une place de leader, ayant largement participé au développement du marché aux États-Unis, avec la commercialisation d’une liseuse, le Kindle.
Si un lecteur est prêt à payer pour posséder un livre, c’est notamment parce qu’il reconnaît sa valeur objective en tant qu’objet. Lorsque l’on parle d’un fichier, le lecteur sait que l’objet en tant que tel n’a presque aucune valeur.
L’édition papier est basée sur une économie de la rareté : l’information est rare et donc précieuse. Le web met en place une économie de l’abondance : les contenus, les informations qu’on y trouve sont innombrables.
L’invention de l’imprimerie a créé une certaine séparation entre le contenu et le support sur lequel il est publié – une séparation auparavant moins évidente.