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Citation de Henri-l-oiseleur


[166-167 : le triomphe de la pestilence ]
Dans les conceptions médicales antiques, le terme de "peste" ou de "pestilence" désigne une maladie épidémique aiguë qui n'est pas nécessairement notre peste, Yersinia Pestis : c'est le nombre de malades et de morts qui la dénonçait, non les symptômes. Ces derniers n'étaient pas rapportés à un pathogène, mais à la constitution particulière du malade et à son déséquilibre causé par son alimentation ou par son milieu. Chaque maladie, en un sens, était individuelle. Et si certains pouvaient observer la contagion, la comprendre et l'expliquer relevaient du défi. Une violente épidémie était donc l'indice d'une perturbation qui touchait la collectivité même, soit que son milieu tout entier ait changé, l'eau et l'air se changeant en miasmes, soit qu'il faille voir une intention derrière la maladie, celle d'un dieu courroucé, comme Apollon dans l'Iliade, ou de comploteurs clandestins, magiciens ou empoisonneurs. Déséquilibre naturel, social et religieux, l'épidémie révélait donc une grave perturbation du monde et de son harmonie, elle engageait nécessairement la communauté politique et le pouvoir. Elle les perturbait aussi en subvertissant l'ordre moral et social par la peur et la mort prématurée et omniprésente. Thucydide en fait une description frappante dans son histoire de la guerre du Péloponnèse, tout étudiant débutant en rhétorique grecque la lisait et l'imitait.
pp. 260-261.
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