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Citation de Cannetille


Depuis quatre ans qu’il est en poste à Kiev, Ivanov a appris à mépriser autant qu’à craindre ce peuple ukrainien dissipé et brouillon. Après une carrière chez les sauvages d’Asie centrale, il a pris ce poste prestigieux et sensible plein d’illusions : à Moscou, espions et diplomates sont formés dans l’idée que les Ukrainiens ne sont que de vagues cousins dégénérés à qui il convient de taper régulièrement sur le crâne pour leur rappeler les bonnes manières. L’ambassadeur a vite déchanté. Ses hôtes se sont révélés pires que des Latins. Individualistes, besogneux, mais frondeurs et jaloux de leur indépendance, capables de brusques réveils grincheux. Gare alors à celui qui est aux commandes du pays ou à celui contre qui est dirigée leur colère.
Les oligarques ukrainiens sont le reflet de cette mentalité de cosaques. Perpétuellement en guerre, prêts à des coups de poker insensés, voire à guerroyer contre le pouvoir politique quand ils ne cherchent pas à le conquérir. Leurs homologues russes leur ressemblaient, dans les années quatre-vingt-dix, avant que Vladimir Poutine ne leur passe la bride au cou. Depuis, à côté des Ukrainiens, les Russes font pâle figure – soumis au chef, sans cesse rappelés à l’ordre par de simples officiers du FSB, les services de sécurité, et parfaitement conscients que leur fortune peut s’évaporer sur un claquement de doigts au Kremlin.
Ce paysage bigarré rend distrayantes les missions secrètes d’Ivanov. Les services russes ont le champ libre en Ukraine. Dès l’indépendance, le FSB et son homologue de l’armée, le GRU, ont infiltré le renseignement, l’armée, le business et même les milieux nationalistes ukrainiens. Les agents russes sont capables de recruter un tueur en vingt minutes dans le moindre village de montagne. Mais faire s’affronter entre eux les locaux est bien plus efficace et gratifiant. C’est presque un jeu d’enfants, tant ceux-ci aiment s’entre-dévorer ou concevoir des combines tordues contre les uns ou les autres.
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