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Citations de Bernard Boisson (3)


Bernard Boisson
« Pour une autre perception des forêts sauvages », Entretien sur le site Vieilles Forêts, 2013, extrait.
     
- Les forêts sauvages … pourquoi un tel intérêt pour une nature incontrôlée, en apparence austère, alors qu’il semble plus agréable de se promener dans les bois ?
     
- Le mot « bois » est imprécis, car je ne crois pas qu’un promeneur ait particulièrement envie de se promener dans des champs d’arbres, surtout quand on fait descendre considérablement l’âge des coupes. Je présume qu’il préférera plutôt une forêt-parc avec des vieux arbres, et que peu de gens connaissent en perceptions les forêts naturelles.
     
L’adjectif « incontrôlée » ne doit pas faire oublier la remarquable propension de la nature a s’autoréguler. Cette homéostasie n’a besoin en rien d’un contrôle humain. Les dynamiques d’autorégulation ne sont-elles pas plus captivantes à comprendre que les techniques de contrôle ? Quant à l’adjectif « austère », sans doute est-il prononcé en regard de la présence de bois mort dans une forêt naturelle. Là, se présente pourtant le paradoxe : la sensation du Vivant nous apparaît d’autant plus tonique qu’apparaît du bois mort. La vie est flux, la mort est reflux. Le Vivant est comparable à un océan organique entier composé de vagues, de flux et de reflux. Dans une plantation d’arbres nous perdons cette perception dynamisante des cycles. Dès lors, la forêt nous apparaît semblable à un décor inerte.
Pour un être humain qui prend la forêt sauvage comme référent perceptuel, une plantation sylvicole lui apparaît vide, dévitalisée, fortement monotone. A l’inverse, en s’immergeant dans une forêt naturelle, il retrouvera la vérité première des principes de vie qui animent le monde.
...
     
Donc du sauvage dans les villes, ou aux abords, oui. Mais peut-être avec plus de no man’s land consentis que de réserves muséographiques. Pendant que les associations urbaines se chargent de valoriser la nature interstitielle, je crains de voir disparaître la nature « bout du monde » dans les régions les moins peuplées de France. Le bout du monde s’oppose à l’enclave muséographique par le fait que le promeneur atteint le paroxysme de l’ensauvagement par graduation dans la progression de sa marche au sein du paysage. Il part d’un rural champêtre pour peu à peu s’enfoncer dans des gradients de plus en plus accentués de sauvage. Ce n’est pas insignifiant de vivre cette graduation, car dans les changements gradués du paysage durant la marche, le promeneur a eu un peu le temps de changer d’être, de recalibrer sa sensibilité avec ce qui l’entoure, de se déconditionner petit à petit de toutes les préoccupations du quotidien. Dès lors, quand il atteint le cœur sauvage d’un site, la partie dite sanctuaire, il a eu le temps de devenir autre. Il ne débarque pas là comme un consommateur hébété, la tête éventée entre deux portes. Il a eu le temps de se préparer à recevoir, et il reçoit. Cette manière de penser la gestion de tout un site paysager en fonction de l’éveil sensible dans la progression d’une marche, nous pourrions l’appeler feng shui environnemental.
     
http://www.vieillesforets.com/bernard-boisson/
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Se réenraciner ou se ressourcer ?
     
On ne peut vraiment s’enraciner que dans les paysages
délivrant du temps organique plus long que la vie humaine.
Il s’agit de forêts matures ou de paysages avec des arbres
pluriséculaires. (…)
     
L’acte de réenracinement est bien plus profond et radical que le ressourcement. Le ressourcement inscrit notre ouverture aux lieux sur le mode passager. Le réenracinement nous approfondit dans la durée. Il signe un non-retour avec notre sous-vivance quotidienne. (…)
     
Moins vivre la nature pour le ressourcement qu’elle nous procure et nous interroger en quoi nous sommes Source en compatibilité avec elle.
     
     
(Deuxième partie : La forêt révèle l’homme – Le sentiment d’intemporalité comme déclencheur d’éveil, p. 136-138)
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Les forêts sauvages qui se rapprochent le plus de ce que les forêts primitives d’antan ont pu être en Europe nous éveillent à cette prise de conscience paradoxale :
     
La forêt sans l’homme
réveille l’humain intérieur.
     
Les forêts inexploitées offrent un voyage à rebours. Tout comme le saumon revenant de l’océan vers la source pour réengendrer son espèce, le visiteur des forêts naturelles a quitté les masses humaines pour tenter de redécouvrir en forêt sa dimension intérieure d’humain inconditionné dont le privent les relations tout en miroir de notre société. En outre, il a tôt fait de s’apercevoir que seul l’inconditionné dans l’homme contient plus grand que lui. (…)
     
Plus un progrès va vers le hors-sol comme le fait la ramure d’un arbre, plus la société a besoin de s’enraciner en profondeur comme le fait un arbre qui s’élève. Cela donne à comprendre en quoi un citadin contemporain avisé a légitimité de demander une nature plus radicalement primitive que ses aïeux ruraux qui, vivant plus près du sol avaient moins besoin de profondeur dans l’enracinement.
     
     
(Deuxième partie : La forêt révèle l’homme – Un basculement de conscience… Le premier postulat, p. 68-69)
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