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Citation de Robberechts


Péguy et l'enfance éternelle de la Création.
L'enfance, pour Péguy, est l'âge privilégié des connaissances intuitives, c'est-à-dire dans la perspective de la religion, de l'inspiration. Pour le poète, il faut en protéger le caractère exceptionnel, afin que l'étincelle des commencements jaillisse plus tard comme une flamme. Le poète, qui est aussi père, a parfaitement conscience qu'il faut préparer ses enfants à la révélation de l’au-delà, comme lui à leur âge avait été préparé et orienté vers une conversion tardive. La réception de la vie spirituelle s'est insufflée dans l'âme du petit Charles, sans d' ailleurs qu'il ait presque rien reçu de son milieu. Ce qu'il cherche à exprimer dans Le Porche, ce sont des préceptes divins obtenus gracieusement, de façon souveraine et douce, dans la monotonie des jours ordinaires et sans relief d'une enfance choyée.
L'enfance est donc ce moment de grâce intense où l'essentiel est donné sans effort, sans aucune intervention de la volonté personnelle. D'où l'importance que tout homme accorde à ces heures bénies, sans trop pouvoir discerner la part du divin qui l'animait dans ces moments de paix profonde et de joie intense. L'adulte ne sait pas reconnaître la dimension spirituelle de cet abandon total de l'enfant qu'il a été. Sa nostalgie manque d'être analysée avec le regard pur et aimant des premières années.
Cette véritable religion péguyste de l'enfance n'est pas seulement une vue de l'esprit. Elle s'appuie sur une vision hautement métaphysique de la vie humaine, de l'histoire de l'humanité et de l'Église. Le poète sait que l'homme, mortel, ressuscitera au dernier jour et qu'il se retrouvera alors, dans la nudité du nouveau-né, auréolé de cette pureté originelle, qu' avec tous ceux de sa parenté, aïeux et descendants, il partage avec le petit enfant qu'il a été. S'appuyant sur un précepte doctrinal, il affirme que le temps de Dieu n'est pas le temps de l’homme, de l'histoire. Présent, passé et futur se confondent dans l'éternité. L'homme, sous le regard de Dieu, reste toujours enfant à qui il faut garder vivantes à la mémoire les heures de son existence mortelle, des premiers jours à la mort, dans l'espoir de la résurrection des corps ; un enfant inscrit dans son histoire, et aussi dans l'Histoire, avec ses lieux, ses habitants, ceux de sa lignée, de son village natal, morts et vivants, ou à naître et à mourir, de générations en générations :

Quand l’homme reviendra dans son premier village
Chercher son premier corps parmi ses compagnons
Dans ce modeste enclos où nous accompagnons
Les morts de la paroisse et ceux du voisinage :

Quand il reconnaîtra ceux de son parentage
Modestement couchés à l’ombre de l’église,
Quand il retrouvera sous le jaune cytise
Les dix-huit pieds carrés qui faisaient son partage ;

Ces sentiers qui menaient leur enfance première
Encor tout démolis d’être ainsi revenus,
Et reconnaissant mal ces corps pauvres et nus,
Et reconnaissant mal cette vieille chaumière
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