AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Bibliographie de Bernard Bonnejean   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Péguy et l'enfance éternelle de la Création.
L'enfance, pour Péguy, est l'âge privilégié des connaissances intuitives, c'est-à-dire dans la perspective de la religion, de l'inspiration. Pour le poète, il faut en protéger le caractère exceptionnel, afin que l'étincelle des commencements jaillisse plus tard comme une flamme. Le poète, qui est aussi père, a parfaitement conscience qu'il faut préparer ses enfants à la révélation de l’au-delà, comme lui à leur âge avait été préparé et orienté vers une conversion tardive. La réception de la vie spirituelle s'est insufflée dans l'âme du petit Charles, sans d' ailleurs qu'il ait presque rien reçu de son milieu. Ce qu'il cherche à exprimer dans Le Porche, ce sont des préceptes divins obtenus gracieusement, de façon souveraine et douce, dans la monotonie des jours ordinaires et sans relief d'une enfance choyée.
L'enfance est donc ce moment de grâce intense où l'essentiel est donné sans effort, sans aucune intervention de la volonté personnelle. D'où l'importance que tout homme accorde à ces heures bénies, sans trop pouvoir discerner la part du divin qui l'animait dans ces moments de paix profonde et de joie intense. L'adulte ne sait pas reconnaître la dimension spirituelle de cet abandon total de l'enfant qu'il a été. Sa nostalgie manque d'être analysée avec le regard pur et aimant des premières années.
Cette véritable religion péguyste de l'enfance n'est pas seulement une vue de l'esprit. Elle s'appuie sur une vision hautement métaphysique de la vie humaine, de l'histoire de l'humanité et de l'Église. Le poète sait que l'homme, mortel, ressuscitera au dernier jour et qu'il se retrouvera alors, dans la
nudité du nouveau-né, auréolé de cette pureté originelle, qu' avec tous ceux de sa parenté, aïeux et descendants, il partage avec le petit enfant qu'il a été. S'appuyant sur un précepte doctrinal, il affirme que le temps de Dieu n'est pas le temps de l’homme, de l'histoire. Présent, passé et futur se confondent dans l'éternité. L'homme, sous le regard de Dieu, reste toujours enfant à qui il faut garder vivantes à la mémoire les heures de son existence mortelle, des premiers jours à la mort, dans l'espoir de la résurrection des corps ; un enfant inscrit dans son histoire, et aussi dans l'Histoire, avec ses lieux, ses habitants, ceux de sa lignée, de son village natal, morts et vivants, ou à naître
et à mourir, de générations en générations :

Quand l’homme reviendra dans son premier village
Chercher son premier corps parmi ses compagnons
Dans ce modeste enclos où nous accompagnons
Les morts de la paroisse et ceux du voisinage :

Quand il reconnaîtra ceux de son parentage
Modestement couchés à l’ombre de l’église,
Quand il retrouvera sous le jaune cytise
Les dix-huit pieds carrés qui faisaient son partage ;

Ces sentiers qui menaient leur enfance première
Encor tout démolis d’être ainsi revenus,
Et reconnaissant mal ces corps pauvres et nus,
Et reconnaissant mal cette vieille chaumière
Commenter  J’apprécie          00
Péguy et l'enfance éternelle de la Création.
L'enfance, pour Péguy, est l'âge privilégié des connaissances intuitives, c'est-à-dire dans la perspective de la religion, de l'inspiration. Pour le poète, il faut en protéger le caractère exceptionnel, afin que l'étincelle des commencements jaillisse plus tard comme une flamme. Le poète, qui est aussi père, a parfaitement conscience qu'il faut préparer ses enfants à la révélation de l’au-delà, comme lui à leur âge avait été préparé et orienté vers une conversion tardive. La réception de la vie spirituelle s'est insufflée dans l'âme du petit Charles, sans d' ailleurs qu'il ait presque rien reçu de son milieu. Ce qu'il cherche à exprimer dans Le Porche, ce sont des préceptes divins obtenus gracieusement, de façon souveraine et douce, dans la monotonie des jours ordinaires et sans relief d'une enfance choyée.
L'enfance est donc ce moment de grâce intense où l'essentiel est donné sans effort, sans aucune intervention de la volonté personnelle. D'où l'importance que tout homme accorde à ces heures bénies, sans trop pouvoir discerner la part du divin qui l'animait dans ces moments de paix profonde et de joie intense. L'adulte ne sait pas reconnaître la dimension spirituelle de cet abandon total de l'enfant qu'il a été. Sa nostalgie manque d'être analysée avec le regard pur et aimant des premières années.
Cette véritable religion péguyste de l'enfance n'est pas seulement une vue de l'esprit. Elle s'appuie sur une vision hautement métaphysique de la vie humaine, de l'histoire de l'humanité et de l'Église. Le poète sait que l'homme, mortel, ressuscitera au dernier jour et qu'il se retrouvera alors, dans la nudité du nouveau-né, auréolé de cette pureté originelle, qu' avec tous ceux de sa parenté, aïeux et descendants, il partage avec le petit enfant qu'il a été. S'appuyant sur un précepte doctrinal, il affirme que le temps de Dieu n'est pas le temps de l’homme, de l'histoire. Présent, passé et futur se confondent dans l'éternité. L'homme, sous le regard de Dieu, reste toujours enfant à qui il faut garder vivantes à la mémoire les heures de son existence mortelle, des premiers jours à la mort, dans l'espoir de la résurrection des corps ; un enfant inscrit dans son histoire, et aussi dans l'Histoire, avec ses lieux, ses habitants, ceux de sa lignée, de son village natal, morts et vivants, ou à naître et à mourir, de générations en générations :

Quand l’homme reviendra dans son premier village
Chercher son premier corps parmi ses compagnons
Dans ce modeste enclos où nous accompagnons
Les morts de la paroisse et ceux du voisinage :

Quand il reconnaîtra ceux de son parentage
Modestement couchés à l’ombre de l’église,
Quand il retrouvera sous le jaune cytise
Les dix-huit pieds carrés qui faisaient son partage ;

Ces sentiers qui menaient leur enfance première
Encor tout démolis d’être ainsi revenus,
Et reconnaissant mal ces corps pauvres et nus,
Et reconnaissant mal cette vieille chaumière
Commenter  J’apprécie          00
Le poète croit ainsi avoir découvert la vérité inaltérable, opposée ici aux bouleversements de l'histoire et des destinées particulières, aux mouvements changeants et stériles, aux vaines fluctuations existentielles, économiques, sociales et politiques. Sa vocation, croit-il à ce moment, est de vivre au sein de l'immuabilité des principes divins dans une perpétuelle contemplation de la grandeur divine et de ses œuvres éternelles, vérifiable, sur le bateau, dans l'immensité de la grande plaine liquide dont aucun obstacle humain ne vient empêcher l'infini ravissement, et dans l'observation du mouvement perpétuel des astres. En réalité, ce que Claudel confie ici dans cette page de Connaissance de l'Est, c'est moins le dégoût du monde, que d'assouvir son désir d'absolu, que l'espérance d'une existence nouvelle, détachée des aléas terrestres. Au vrai, pour Claudel, le drame est né de la hantise d'un renoncement sans réserve. Peut-on concilier la "passion de l'univers" et les exigences divines ? Dieu, au contraire, n'exige-t-il pas un amour sans partage ? N'est-ce pas le Dieu jaloux de l’Écriture qui ne supporte pas de voir partagés la dévotion qu'on lui doit et l'intérêt que l'on porte au monde ?
Commenter  J’apprécie          00
Le poète est un vates, un prêtre au service de Dieu dont il est le contemplateur actif. Par un acte comparable à la transsubstanttiation, il consomme mes choses dit Claudel, il est lui-même "des choses 'image comprenante, et consommante, l'hostie intelligible en qui elles sont consommées."
Consommer les choses, c'est les dépouiller de leur caducité pour leur rendre leur destination éternelle, les restituer à Dieu à qui elles doivent d'exister. Le poète, en ce sens, est le sacrificateur qui offre en holocauste la (re)création du monde par lui "rené". Autrement dit, par ce sacrifice spirituel, le poète est le prêtre qui, par l'opération même de la connaissance effectuée au cœur de l'esprit, restitue le vrai et le plein sens de l'univers par-delà la finitude temporelle et spatiale.
La poésie est donc hommage de la créature au Créateur, ou plus exactement de la création qui se sert du poète comme intercesseur connaissant. Le poète agit en quelque sorte en souverain sur le monde comme représentant de Dieu. Par la connaissance, le poète rend présent à Dieu le message de la gloire divine que l'univers entier, choses brutes ou êtres animés, cherchent à exprimer.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bernard Bonnejean (1)Voir plus

Quiz Voir plus

Expressions tirées de la mythologie gréco-romaine

tomber dans les bras de Morphée, en clair, ça veut dire:

faire une mauvaise chute
tomber amoureux
tomber malade
tomber de sommeil

9 questions
1668 lecteurs ont répondu
Thèmes : mythologie grecque & romaine , expressions , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}