On aime croire que le puissant impose ses décisions par force, et que ce faisant, il confisque la narration des faibles, des victimes, des laissés-pour-compte, des sans-voix.
On a tort, je crois.
La puissance commence au moment où il y a au centre le prince et autour, des spectateurs, au moment où un jeu sérieux s’instaure. Sans règles, un jeu qui ne dit pas son nom : l’un dit sa préférence ; les autres en veulent la raison. Ce n’est ni l’argent, ni la fonction, ni la naissance, ni l’érudition qui donne la puissance par effet de suite – bien qu’indéniablement ils l’avantagent –, c’est l’improvisation soudaine, sans tambour ni trompette, du grand jeu des préférences qui se dispute à plusieurs.