La lecture détourne autant qu’elle oriente l’écrivain, c’est sa profonde ambivalence. Parfois lire agit comme un enchantement capable d’"esveiller" le désir de discours, de mettre au travail le jugement, de déclencher le passage à l’écrit. D’autres fois, "débauch[ant]" l’auteur de son "estude", la lecture est ravalée au rang de futile distraction, occupation qui détourne du vrai travail, l’écriture.
On aime croire que le puissant impose ses décisions par force, et que ce faisant, il confisque la narration des faibles, des victimes, des laissés-pour-compte, des sans-voix.
On a tort, je crois.
La puissance commence au moment où il y a au centre le prince et autour, des spectateurs, au moment où un jeu sérieux s’instaure. Sans règles, un jeu qui ne dit pas son nom : l’un dit sa préférence ; les autres en veulent la raison. Ce n’est ni l’argent, ni la fonction, ni la naissance, ni l’érudition qui donne la puissance par effet de suite – bien qu’indéniablement ils l’avantagent –, c’est l’improvisation soudaine, sans tambour ni trompette, du grand jeu des préférences qui se dispute à plusieurs.
Quelque chose d’absolument inqualifiable fonde la communauté des Otages, qui les rapproche et les réunit sous la coupe d’un même devenir. Ce qui, par l’action du peintre, prendra nom d’Otage est substantiellement innommable. Ils sont pourtant nombreux ceux qui voulurent y accoler un nom.