La Roseraie des Cultures et des Arts - 8ème édition.
Thé ou Café ? "Mère Teresa - Ombre et Lumière »" par Joëlle FOSSIER. de la réalité vécue à la représentation théâtrale.
Invité(e)s :
- Joëlle Fossier, Auteur, comédienne et dramaturge française, pratiquant notamment le doublage.
- Catherine Salviat, Comédienne, sociétaire honoraire de la Comédie Française.
- Pascal Vitiello, Metteur en scène.
Modérateur : Philippe Daverat, Auteur compositeur interprète, fondateur de la Compagnie Vincent-Philippe, président des Amis de Bernard Chasse.
http://www.laroseraiedescultures.fr/edition2016/mb-the-ou-cafe-1-Mere-Teresa-Ombre-et-Lumiere.html
Association "La Roseraie des Cultures et des Arts" le 4 septembre 2016 - Moulin de la Bièvre
Salon du Livre et des Arts de L'Haÿ-Les-Roses
http://www.laroseraiedescultures.fr
Réalisation : M.D'E
+ Lire la suite
La force des mots
La langue française est celle de ma vie et de mon écriture.
Je suis née à Québec, au centre même de cette enclave française, plantée en terre d'Amérique du Nord, depuis 1608. Quand je dis Québec, je veux dire la ville, Québec , ce noyau français, ce paquet de racines premières françaises, autour de laquelle s'étend une province immense, un pays démesuré, tout un continent de parlant anglais.
Avant de sombrer dans le sommeil c'est l'heure où l'on est le plus soi--même.Les images du jour rôdent , se déforment, pas tout à fait en rêve, pas tout à fait recréées, mais entre les deux. Le subconscient est tellement présent et la partie qui veille en nous l'épie et se laisse subjuguer. ( Extrait d'une lettre à Pierre , le 13 février 1945. )
La langue française m'a permis de prendre la parole et d'accéder à l'écriture. C'est à travers la langue française que j'ai découvert mon propre langage d'écrivain : la poésie. Je l'ai choisie comme un musicien choisit son instrument.
Si je suis devenue écrivain, c'est pour répondre à la plus pressante exigence de la parole et de la vie recréée par la parole.
Cela vient de très loin en moi, du fond d"une enfance particulière, du fond d'un certain pays. Et je sais bien que, si je m'exprime en français , c'est pour nommer une réalité qui vient d'ailleurs, hors de France . Cette réalité sauvage de mon pays si longtemps enfouie dans la nuit du silence.
Quoique je dise ou écrive. je n'échapperai jamais à la profond
ressemblance du coeur avec sa terre originelle.
La langue française est celle de ma vie et de mon écriture.
Je suis née à Québec , au centre même de cette enclave française, plantée en terre d'Amérique du Nord, depuis 1608. Quand je dis Québec, je veux dire la ville, Québec, ce noyau français , ce paquet de premières racines françaises, autour de laquelle s'étend une province immense, un pays démesuré, tout un continent de parlants anglais.
Je suis venue en France, pour la première fois, en 1954. Depuis mon enfance je rêvais de la France et surtout de Paris, comme une terre promise. Mes premières lectures, de La semaine de Suzette et de la comtesse de Ségur, jusqu'à Baudelaire, Hugo, Balzac et Eduard ( sans oublier la peinture et le cinéma), me parlaient d'une ville privilégiée, patrie des écrivains et des artistes.
"Le soir du 24 octobre 1943. Saint-Denis Garneau s'embarqua pour une épuisante course en canot sur la rivière.Il environnera sur un très long
parcours, mit pied à terre, planta son aviron dans le sable mouillé, gravit la berge. Il lui faudra assez longtemps pour atteindre la première maison. Il frappa et demanda à téléphoner. On lui répondit qu'il n'y avait pas de téléphone.Il décida alors, malgré sa fatigue, de revenir chez lui par la rivière.Il refit tout le trajet jusqu'à son canot et mourut sur le rivage d'une crise cardiaque. Il avait trente et un ans. "
De Saint-Garneau était mon cousin. Nous habitions la même campagne.La même campagne et le même été. Il habitait le paysage.Nous avons mis nos royaumes en commun: la même campagne, le même été. J'étais la plus petite. Il m'apprenait à voir la campagne. La lumière, la forme: il les faisait surgir devant moi. Il appelait la lumière par son nom et la lumière lui répondait. Il a reçu parole de la lumière, parole et message. La lumière le reconnaissait.