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Citation de gouelan


Si dans l'entretien Ophélie se révèle peu bavarde et un peu sur la réserve, à l'écrit, elle se révèle plus enjouée et libérée. Voici quelques extraits de ses chroniques dont elle a régalé les stagiaires et les formateurs. Il perce, sous l'humour, les difficultés de cette jeune fille de 23 ans à trouver un bout de fil avec lequel elle tricotera sa vie.

[...] Ça n'avait pas marché, mais j'avais l'intention d'aller au-delà de ma petite vie à Paris, au-delà de toutes les petites vies que je connaissais. Pas petit au sens petit. Tout est petit, tout ce que nous faisons est petit, parce que nous sommes petits, ça je sais bien. Mais il y a quelque chose de plus grand dans notre "petiteté", vous savez bien. Et à ce plus grand-là, il faut du temps et de l'espace. Il n'y avait ni temps ni espace dans les petites vies que j'avais eues. Mais j'avais la pression, la pression de bien me dépêcher pour trouver la bonne voie pour entrer dans la bonne vie, pour poser les bonnes questions pour apporter les bonnes réponses et côtoyer les bonnes personnes, pour avoir du bon argent dans mes bonnes poches pour avoir une bonne sécurité et alors ça serait une bonne vie.
J'avais la pression, j'ai craqué.
J'ai passé des concours pour des écoles, de gestion, d'éducateur, de communication, d'infirmière, d'orthophoniste, de diététicien, d'agronome, d'éducateur canin, de cuisinier, de paysagiste, d'acrobate, de théâtre, de clown, j'étais déchaînée. J'ai presque tout réussi. Je n'ai donné suite à rien.
On vit pour travailler, pour vivre. Mais la vie appartient à tout le monde.
Ça ressemble à une réflexion, mais c'est en fait une sensation. Une sensation qui gratte pire que les poux, les puces et la gale en même temps. C'est cette sensation qui m'a fait perdre le sens de l'orientation et qui m'a amenée ici.
C'était comme dire "je me lave les dents pour que la brosse à dents soit bien brossée". C'était comme forcer ses pieds à porter des chaussures de ski pour pouvoir les enlever le soir et sentir comme c'est bon d'avoir les pieds hors des chaussures de ski. Comme laisser sonner son réveil le week-end et se endormir afin de sentir comme c'est bon de ne pas avoir de réveil le week-end.
Il y a ceux qui souffrent pas trop. Ceux qui sont contents de leurs chaussures de ski et qui ne s'impatientent même pas dans l'attente du jour où ils les enlèveront. Cette formation, ici, c'était au contraire une réunion de gens qui ont rompu avec leurs chaussures de ski, et qui se préparent un peu les pieds, qui font des exercices pour être sûrs de ne plus en porter, et qui philosophent sur comment enlever les chaussures de ski à l'humanité entière avant qu'elle ne disparaisse dans d'atroces souffrances de pieds. Un stage de podologues, quoi.
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