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Citation de Charybde2


Nous savons que, dans les décennies qui viennent, la Terre et ses habitants, les êtres humains, devront faire preuve comme jamais, individuellement et collectivement – de l’intelligence du monde et du sens des responsabilités qui, en principe, les définissent comme êtres humains plutôt que comme limaces ubuesques.
L’humanité est confrontée à d’innombrables défis, dont nous craignons que, s’ils n’étaient pas relevés, ils ne conduisent à transformer les êtres humains en ces êtres inhumains (et non seulement « posthumains ») que sentait déjà venir Alfred Jarry. Et nous savons que, face à ces défis, il n’y a pas d’autre issue possible que la formation et la culture d’une nouvelle conscience humaine. Récemment, Laurence Toubiana, directrice de l’Institut du développement durable, déclarait que « le changement nécessaire est tellement profond qu’on se dit qu’il est inimaginable. »
Et Robert Lyon, annonçant « l’âge du moins » – moins de ressources, moins de marges de manoeuvre, moins de confiance, moins d’espoir (sinon le désespoir) – écrivait de son côté que la communauté humaine planétaire « ne s’en sortira » que si elle sait « se situer du côté de l’être plutôt que de l’avoir. »
L’humanité ne survivra, autrement dit, que si elle sait dépasser l’âge de la consommation. C’est là le programme d’une nouvelle croissance, qualitative, et contre l’idée d’une décroissance, ne serait-ce que parce que « nous ne survivrons pas si, au-delà des mers et des sables, des milliards d’êtres humains s’abîment dans les pénuries, les disettes et la précarité. »
La croissance qualitative, c’est la croissance qui ne repose pas sur le « toujours plus », mais sur le « toujours mieux », et, qualitativement, avec moins – c’est-à-dire, aussi, par une meilleure redistribution, en particulier entre le Nord et le Sud. Affronter ces défis, ce serait, selon Robert Lyon, entrer dans l’âge d’une nouvelle modernité.
Nous savons que nous n’avons pas le choix si nous voulons survivre, disent donc Laurence Toubiana et Robert Lyon avec tant d’autres – et malgré les dénégations de lobbies irresponsables, ou d’hommes et de femmes politiques peu scrupuleux, ou dont l’intelligence du monde est elle-même limitée. Et nous savons que de telles évolutions ne pourront se faire pacifiquement qu’à la condition d’élever le niveau de conscience individuel et collectif, et, par là, de former une volonté politique digne de ce nom : une volonté des peuples. Nous savons également qu’une nouvelle guerre mondiale serait désormais fatale à toute survie des êtres humains.
Or, nous savons tout aussi certainement que le temps de la conscience, qui est celui de l’intelligence, de la volonté et de l’action, de la lucidité et de la responsabilité, est ce que les industries de programmes tendent à systématiquement remplacer par le temps des audiences grégaires, des cerveaux sans conscience et des systèmes nerveux transformés en systèmes réflexes, c’est-à-dire pulsionnels, en vue de les rendre disponibles à toutes les sollicitations du marketing qui renforcent systématiquement des comportements dont nous savons pourtant qu’ils sont devenus à terme mortellement toxiques pour les êtres humains.
Nous savons donc à la fois :
1. qu’un changement n’est possible qu’à la condition d’élever le niveau de l’intelligence,
2. que la régression mentale, l’avilissement moral qui l’accompagne, et l’anesthésie de l’intelligence et donc de la volonté qui traduit l’intelligence en actes, sont désormais ce qui gouverne le monde hyperindustriel – et, pour une très large part, le discours de ceux qui, prétendant aux fonctions gouvernementales, s’adaptent à cet état de fait au lieu de le combattre.
Nous sommes donc obligés de conclure qu’il faut changer radicalement et sans délai cet état de fait, et lui opposer un nouvel état de droit : un droit tel qu’il empêche que se poursuive la « baisse de la valeur esprit » qui est devenue le principe même du capitalisme reposant sur l’augmentation illimitée, aveugle et suicidaire de la consommation.
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