L’horloge comtoise de l’entrée égrène ses onze coups. La nuit sans lune d’août est épaisse comme le fond de l’océan où se meuvent des monstres indistincts. Quelque chose m’empêche maintenant de dévider le fil ténu de ma pensée : c’est la peur, une peur sordide, tenaillante que distille lentement la menace invisible qui m’entoure. Dans ma chambre, je suis seul au centre d’un monde au bord de la perdition. Je ressemble à une sentinelle oubliée dans un phare-astéroïde, essayant de détecter les vaisseaux issus de l’inconnaissable. Autour de moi, je sens rôder, de plus en plus proches, les puissances mystérieuses et formidables qui, méthodiquement, implacablement, vont plonger l’humanité dans le néant. (…). J’ai peur. De rien. De rien de concret. Simplement de présences floues, d’idées fumeuses. Tout cela est-il faux ? Vrai ? Je ne sais plus…