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Citation de Mekina


« Langoureux vestiges »

Où sont-elles les nuits de mon île,
Les nuits de mon île au léger babil ?
Mon âme se consume, se consume sans espoir !
Le dépaysement est une mélancolie
Avec l'abattement dans le gris et le noir,
Aux grincements des tristes mélodies.

Aux grincements des vagues mélodies,
Vents qui mugissez, où sont-ils
Les soirs anciens, les soirs chéris de mon île ?
Grelets ! petits grelets ! vous qui flûtez
Du sein des fourrés, silence ! Écoutez !
Où sont-ils mes crépuscules d'antan ?
Sont-ils noyés dans le temps ?

Aux grincements des tristes mélodies,
Nuages ! Vous du ciel méchant les paravents,
Où sont-elles les tendres nuits envolées ?
Vous allez et vous venez au gré des vents,
Mais est-ce là toute votre destinée ?
Répondez, sombres phénomènes !
Pourquoi me faire des scènes ?

Phénomènes et météores, pourquoi impertinence
À l'appel de ma voix, de ma voix qui s'élance ?
Vous qui portez l'oubli, jusque dans vos chants,
Qui frôlez de la mort le pied exigeant,
Sont-ce vos clameurs, ces cris de là-bas ?
Sachez que vous ne m'effrayez pas !
Entendez-vous bien, entendez-vous vents ?
Aux grincements des tristes mélodies,
Où sont-elles les nuits de mon paradis ?

Danseuses étoiles ! Vous du ciel les aînées,
De la sombre terre les maîtresses,
Voici cette nuit mon âme en détresse !
Aux accords des tristes chants,
Dans le tombeau ou dans l'ouragan,
Où sont-elles les nuits cachées ?

Vainement je les cherche : mon front se ride,
Se ride profondément. Est-ce que le ciel est vide ?
L'espérance fugace qui de cause s'est plu
À m'écouter, à sa façon, m'a répondu :
— Homme angoissé ! Que cherches-tu dans la plaine
À te fondre le cerceau, à te rompre les veines ?
Pleures-tu la trace d'une amie fugitive ?
Pourquoi cette nuit sereine, ton âme plaintive ?
L'existence, c'est tout ce qui grignote l'âme.
La vie est un géant métier à tisser
À fragiles fils de trame.
Le problème est de pouvoir s'y glisser.

Je ne recherche point la gloire encore moins une amie !
Le son de mon tam-tam n'est pas mondain
Car, de vos ballades à travers la vie,
Le seul gain, c'est l'étonnant réveil soudain
Et l'usure qui, tard, fait songer au repos.
Je ne viens point m'éparpiller en vain écho.

Je m'effare de ne point retrouver
Les doux enfants de mon île !
L'espace vient tout entraver.
Je les revois encore,
J'entends leur voix sonore :
Ils venaient souvent chez moi à la file,
Simples, doux, pareils à toute chose pure.
Leur fidélité est bouclier et diaprure.

La distance masque tout dans le noir !
Je languis aussi de ne plus revoir
De mon île, se lever comme une fée,
La lune, au son du léger babil,
De ne plus entendre les aveux sacrés,
Les causeries, les serments fertiles,
Naître, flotter aux lèvres des dunes,
Et gaîment frissonner la marine !

Nombre de malheurs sont de la part du méchant.
Mon âme est desséchée comme la paille des champs.
Chaque nuit, ma couche est remplie de mes larmes.
Et mon cerveau à ce bruit inquiétant des lames.
Aux grincements des tristes mélodies,
Où sont-ils les soirs anciens de mon paradis ?
Au son des langoureux accords,
Où sont-elles de mon île, les nuits d'alors ?

Je suis ivre de vertige !
Revenez vieux vestiges !
Revenez dès l'aurore !
Revenez encore,
Choses ailées,
De sitôt envolées !
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